La police de New York a obtenu un nouveau mandat pour mener des tests d'ADN sur les vêtements et la personne de Dominique Strauss-Kahn, dont la comparution devant un juge de New York a été reportée à aujourd'hui.

Des dizaines de journalistes internationaux avaient passé la journée à l'intérieur et à l'extérieur de la Cour criminelle de New York, où le patron du Fonds monétaire international doit être présenté à un juge, qui décidera de l'incarcérer ou non.

D'autres journalistes avaient fait le pied de grue devant le poste de police d'East Harlem, où est située l'unité spéciale pour les crimes sexuels (Special Victims Unit), où se trouvait Dominique Strauss-Kahn depuis son arrestation.

William Taylor, un des avocats de M. Strauss-Kahn, a indiqué que son client avait accepté de son plein gré de se soumettre à des tests d'ADN, qui ont pour objectif de trouver des cheveux, du sperme ou des traces de griffure. Il a mis le report de la comparution de l'ancien ministre français de l'Économie sur le compte de ces tests.

«Il est fatigué, mais il va bien», a déclaré Me Taylor en parlant de DSK.

DSK est également représenté par Benjamin Brafman, un célèbre avocat new-yorkais qui a notamment défendu dans des procès l'imprésario du hip-hop Sean Combs et la vedette de football Plaxico Burress.

L'accusatrice de DSK, dont on sait qu'elle est une immigrante africaine de 32 ans, a montré du doigt hier son présumé agresseur parmi un groupe d'hommes réunis pour une séance d'identification au poste de police d'East Harlem.

Menotté et entouré de détectives new-yorkais, DSK a quitté ce poste tard hier soir. Il a été transféré à la Cour criminelle de New York.

La comparution de DSK devant un juge ce matin devrait mener à sa mise en liberté moyennant une «caution élevée», a estimé Ira Judelson, bail bondsman (garant de caution), à qui les avocats de l'économiste et politicien français ont fait appel hier. Mais cette liberté sera restreinte, selon lui. Dominique Strauss-Kahn pourrait en effet se voir interdire de quitter les États-Unis jusqu'à la fin du processus judiciaire contre lui.

Il suffisait de jeter un coup d'oeil à la une du Daily News hier matin pour constater que DSK serait sans doute bien avisé de ne pas passer les prochains mois à New York.

Le tabloïd new-yorkais, sans même attendre la première comparution du Français, l'a déclaré coupable en publiant de lui une photo avec la langue sortie accompagnée du titre franglais «Le Perv» (le pervers).

Mais Dominique Strauss-Kahn n'a pas dû voir ce titre, ayant passé la majeure partie de son temps hier dans une cellule de l'unité spéciale pour les crimes sexuels.

Sylvia et Laurent Tixier, eux, n'ont assurément pas vu la une du Daily News. En fait, même s'ils avaient une chambre au Sofitel, l'hôtel de luxe situé près de Times Square où DSK aurait agressé une femme de ménage, ils ignoraient tout de cette affaire hier matin avant que le représentant de La Presse ne les en informe.

«C'est bien la preuve que nous sommes en vacances», a déclaré Sylvie.

«C'est impensable, a enchaîné son mari. Quelqu'un qui se sait épié comme lui n'ira pas commettre un acte pareil.»

«Ce n'est quand même pas un détraqué sexuel», a ajouté sa femme.

Le représentant de La Presse a également croisé dans le hall du Sofitel Marie Drucker, célèbre journaliste de la télévision française, qui se trouvait elle aussi en vacances à New York lorsqu'elle a eu vent de l'affaire DSK.

«J'ai commencé à avoir des informations, j'ai appelé la rédaction et je me suis mise sur le coup tout de suite», a-t-elle raconté.