Cinq jeunes Américains arrêtés il y a trois mois au Pakistan pour avoir tenté d'y entrer en relation avec des extrémistes islamistes liés à Al-Qaeda ont été accusés mercredi par un tribunal de «liens avec le terrorisme».

Sept «chefs d'accusation ont été signifiés à tous les prévenus, tous sont des chefs en relation avec une entreprise terroriste et ils encourent la prison à vie», a déclaré à la presse Shahid Kamal, l'avocat de la défense à la sortie de l'audience du tribunal antiterroriste de Sargodha, dans le centre du Pakistan.

Les cinq accusés sont des étudiants américains âgés de 18 à 25 ans d'origine pakistanaise pour deux d'entre eux, yéménite, érythréenne et égyptienne pour les autres. Ils avaient fui leurs familles aux États-Unis et avaient été arrêtés le 9 décembre à Sargodha.

Les cinq accusés sont Umar Farooq, Waqar Hussain, Rami Zamzam, Ahmad Abdullah Mini et Amman Hassan Yammer.

«Ils ont tous rejeté et nié les chefs d'accusations», a précisé à l'AFP un autre de leurs avocats, Hasan Dastagir, devant l'entrée du tribunal, placé sous la protection de nombreux effectifs des forces de sécurité lourdement armés.

«Parmi les sept chefs d'accusation, l'un mentionne le financement d'une organisation interdite, un autre le soutien à une organisation interdite et un les accuse de conspiration en vue de commettre un acte terroriste au Pakistan ou dans un pays allié», a précisé M. Dastagir.

Des enquêteurs avaient assuré que les cinq espéraient se rendre dans l'Afghanistan voisin pour participer à l'insurrection des talibans contre les forces internationales, aux deux tiers américaines.

Mais les suspects assuraient, eux, qu'ils souhaitaient s'y rendre pour des oeuvres humanitaires, selon leurs défenseurs.

La prochaine audience devant le tribunal de Sargodha se tiendra le 31 mars et le procureur devra y produire les preuves de ses accusations, ont assuré les avocats.

Lors de précédentes audiences, les accusés avaient crié aux journalistes qu'ils étaient torturés en prison.

Ils avaient également jeté depuis le camion qui les transportait un morceau de papier toilette sur lequel ils avaient écrit qu'ils étaient victimes d'un «coup monté» par les polices pakistanaise et américaine. Ils ont également été interrogés en prison par des agents du FBI américain, selon Islamabad.

«Depuis notre arrestation, les États-Unis, le FBI et la police pakistanaise nous torturent, ils essaient de monter un coup contre nous, nous sommes innocents, ils essaient de nous isoler du public, des médias, de nos familles et de nos avocats, aidez-nous», pouvait-on lire sur ce message.

«À l'évidence, nous rejetons ces allégations sans fondement» de tortures et de coup monté, avait répondu le porte-parole de l'ambassade des États-Unis, Richard Snelsire. Les autorités pakistanaises avaient également démenti.

Des enquêteurs avaient indiqué que les accusés avaient contacté des représentants d'un groupe allié à Al-Qaeda mais qu'ils n'avaient pas eu le temps d'entrer physiquement en contact avec eux.

Leurs familles avaient signalé leur disparition aux États-Unis où ils se seraient laissés attirer par la propagande jihadiste sur l'internet. Les zones tribales du nord-ouest du Pakistan, frontalières avec l'Afghanistan, sont considérées comme le principal repaire des cadres d'Al-Qaeda. Elles sont le bastion des talibans pakistanais alliés au réseau d'Oussama ben Laden et principaux responsables d'une vague d'attentats qui a fait plus de 3.000 morts dans tout le Pakistan en deux ans et demi.