Rachid Hamdani, l'un des deux hommes d'affaires suisses retenus à Tripoli depuis 19 mois, a pu partir pour la Tunisie lundi, tandis que le second Suisse, Max Göldi, condamné à quatre mois de prison, s'est rendu aux autorités libyennes qui l'ont conduit en prison, selon leur avocat.

M. Hamdani, qui possède deux passeports, suisse et tunisien, a «obtenu son visa de sortie et a pris la route pour la Tunisie», dont les frontières sont à 170 km à l'ouest de Tripoli, a indiqué à l'AFP son avocat Salah Zahaf.

M. Hamdani est parti dans une voiture de la représentation helvétique, accompagné par une voiture de l'ambassade d'Espagne à Tripoli, a-t-il ajouté.

Le second Suisse, Max Göldi, s'est rendu quant à lui à la police judiciaire libyenne qui l'a conduit à la prison d'Aïn Zara près de Tripoli, selon Me Zahaf.

M. Göldi a quitté l'ambassade helvétique vers 14H15 (12H15 GMT), soit plus de deux heures après l'expiration d'un ultimatum donné par Tripoli pour qu'il se rende, a constaté un journaliste de l'AFP.

Il a été aussitôt placé dans une voiture civile où il a été menotté par un policier. Le véhicule a quitté les lieux, escortée par la police, ainsi que par une voiture de l'ambassade d'Espagne.

«Maintenant, nous sommes en train d'accomplir la procédure d'enregistrement» de M. Göldi à la prison, a déclaré un peu plus tard à l'AFP Me Zahaf, affirmant qu'il comptait déposer mardi une demande de grâce auprès du Conseil supérieur des instances judiciaires.

Tripoli avait donné à l'ambassade jusqu'à lundi midi (10H00 GMT) pour remettre à la justice libyenne Max Göldi condamné en appel à quatre mois de prison pour «séjour illégal» en Libye.

La représentation helvétique était encerclée lundi de dizaines de policiers et de véhicules des forces de l'ordre.

Rachid Hamdani, comme Max Göldi, était poursuivi par la justice libyenne pour «séjour illégal» et «exercice d'activités économiques illégales» en Libye.

Il a été blanchi récemment de toutes ces accusations, tandis que M. Göldi a été condamné en appel à quatre mois de prison ferme pour «séjour illégal» et à une amende de 800 dollars dans la deuxième affaire. Il n'avait toutefois pas été emprisonné et s'était réfugié à l'ambassade helvétique à Tripoli, comme M. Hamdani.

Les deux hommes d'affaires avaient été arrêtés le 19 juillet 2008 en Libye, après l'interpellation musclée à Genève d'un fils du numéro un libyen Mouammar Kadhafi, Hannibal, et de son épouse, sur une plainte de deux domestiques accusant leur employeur de mauvais traitements.

Les autorités libyennes ont menacé lundi de prendre des «mesures» à l'encontre de l'ambassade helvétique si Max Göldi n'était pas livré à la police judiciaire, selon Jana.

L'agence, qui n'a pas précisé la nature de ces mesures, a indiqué que le ministre libyen des Affaires étrangères avait «convoqué dimanche soir les ambassadeurs des pays de l'Union européenne à Tripoli et les a informé qu'un ultimatum a été donné à l'ambassade jusqu'à lundi midi (10H00 GMT) pour remettre le Suisse».

Le ministre, Moussa Koussa, cité par Jana, a accusé la représentation helvétique d'«utiliser son immunité à des fins non reconnues par le droit international» et «d'envenimer délibérément la crise». «Il n'est pas permis à l'ambassade» de servir de refuge aux deux Suisses, a-t-il dit.

Berne et Tripoli avaient renoué jeudi le dialogue à haut niveau, grâce à l'intervention de l'UE. La ministre suisse des Affaires étrangères, Micheline Calmy-Rey, a rencontré à Madrid son homologue libyen, et le dialogue s'était poursuivi durant le week-end à Berlin.