Au moins cinq personnes ont été tuées mercredi dans le nord-ouest du Pakistan lorsque quatre missiles, qui pourraient avoir été tirés par des drones américains, ont frappé un objectif situé dans une zone tribale, ont déclaré des responsables.

«Cinq personnes, dont des étrangers, ont été tuées et trois ont été blessées lorsque les missiles ont frappé un objectif dans la zone de Baghar Cheena, dans la région agitée du Waziristan du Sud», a déclaré à l'AFP un responsable pakistanais de la sécurité.

Les nationalités des étrangers n'ont pas été précisées. Les autorités pakistanaises utilisent couramment le terme d'«étrangers» pour désigner des membres du groupe terroriste Al-Qaeda.

Un responsable de la sécurité a déclaré que les quatre missiles avaient été tirés «par des drones semble-t-il américains».

«Il y a dans cette zone un certain nombre de camps d'entraînement de rebelles et il n'y a pas de population civile autour du site de la frappe» de missiles, a affirmé un responsable local.

Il a précisé que la zone de Baghar Cheena était le bastion d'un commandant local des talibans, Maulvi Nazeer.

«Deux missiles ont frappé directement l'objectif, et les deux autres se sont abattus dans les environs», a déclaré ce responsable.

Le Waziristan du Sud est un repaire des talibans et d'Al-Qaeda.

Dans une autre zone tribale du nord-ouest, celle de Bajaur, l'armée pakistanaise a tué mercredi au moins 19 combattants islamistes liés à Al-Qaeda en bombardant leurs repaires dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan, près de la frontière afghane, selon des responsables des services de sécurité. L'opération a été menée par des avions de chasse.

La frappe de missiles dans le Waziristan du Sud est survenue quelques heures seulement après que le chef de l'état-major des forces armées américaines, l'amiral Michael Mullen, eut réitéré à Islamabad le respect des États-Unis pour la souveraineté du Pakistan.

Arrivé à Islamabad mardi soir pour une visite annoncée publiquement au tout dernier moment, l'amiral Mullen s'est entretenu avec son homologue pakistanais, le général Ashfaq Kayani, puis avec le premier ministre Yousuf Raza Gilani.

«L'amiral Mullen a réitéré l'engagement des États-Unis à respecter la souveraineté du Pakistan et à développer davantage la coopération entre les deux pays sur ces questions cruciales qui mettent en danger la sécurité et le bien-être des habitants des deux pays», selon un communiqué de l'ambassade des États-Unis.

L'armée américaine, largement majoritaire au sein des forces internationales combattant l'insurrection des talibans en Afghanistan, tire presque quotidiennement depuis des semaines des missiles à partir de drones - avions sans pilote - dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan, frontalières de l'Afghanistan, où Washington est convaincu que les insurgés afghans et Al-Qaeda ont reconstitué leurs forces.

Ces missiles tuent des combattants islamistes mais atteignent souvent des civils alentour. Depuis peu, le Pakistan dénonce vigoureusement mais en vain ces «violations» de sa souveraineté.

Le ton est monté le 3 septembre quand un commando des forces américaines a attaqué directement au sol un village des zones tribales, tuant, selon Islamabad, 15 civils, dont des femmes et des enfants.

Washington n'a pas commenté cette information mais ne l'a jamais démentie non plus.

Le général Kayani avait alors déclaré que son armée défendrait «à n'importe quel prix» la souveraineté du Pakistan.