Après le passage de l'ouragan Ike, l'attente s'annonce longue pour des dizaines de milliers d'habitants de la côte du Texas. Nombre d'entre eux vont devoir patienter des jours, voire des semaines avant de pouvoir rentrer chez eux pour un premier repas chaud ou une bonne douche.

Devant la presse à Houston, première étape d'un déplacement dans les zones les plus touchées au Texas, George W. Bush a appelé mardi les sinistrés à écouter l'avis des autorités locales avant de rentrer chez elles. Et le président américain a lancé un appel aux dons, mettant en garde contre la «lassitude» engendrée par les catastrophes. Il devait ensuite se rendre sur l'île de Galveston.

Sur l'île, Carlos Silliman reconnaît qu'«un bon bain serait agréable». «Que les pompiers viennent nous arroser», ironise cet homme de 48 ans, assis sur un banc de pique-nique devant sa maison, où 46 centimètres d'eau ont inondé son garage et ruiné un congélateur rempli de venaison. «Je suis partant pour boire une bonne bière en lisant le journal».

Pour la plupart des sinistrés, un tel luxe n'est qu'un vieux souvenir. Une grande partie des stations-service n'ont plus d'essence et d'importantes autoroutes restent sous les eaux. Plus de 30 000 personnes évacuées vivent toujours dans les quelque 300 abris publics et près de deux millions personnes au Texas sont privées d'électricité.

Les victimes d'Ike ont marché des kilomètres pour atteindre les centres de distribution d'aide, avant d'engloutir tout ce qui leur était proposé: un million de bouteilles d'eau, un million de repas et 272 000 kilos de glaçons rien que pour les 36 premières heures suivant le passage de l'ouragan.

Mais ce n'est pas assez. Et ceux qui envoient des camions d'approvisionnement aux centres de distribution espéraient voir quadrupler mardi le nombre de points de ravitaillement. L'un d'entre eux situé au nord de Houston a attiré lundi 10 000 personnes à la recherche d'eau et de nourriture. Les files d'attente étaient longues, mais la plupart des gens ont attendu patiemment.

«Nous ne serons jamais en manque de camions dans cette zone de transit et l'objectif est que les points de distribution ne soient jamais vides», a assuré Marty Bahamonde, porte-parole de la FEMA (Federal Emergency Management Agency), l'agence fédérale de gestion des catastrophe.

Les autorités tentent par ailleurs d'empêcher les vols et les pillages. À Houston, 108 citations ont été délivrées et 33 personnes interpellées pour avoir violé le couvre-feu en vigueur depuis dimanche, a précisé le chef de la police, Harold Hurtt. Parmi les personnes interpellées, figurent plusieurs se trouvaient dans une voiture volée, remplie de biens pillés.

Il faudra plusieurs mois pour rouvrir la ville de Galveston, estiment les responsables sur l'île. L'alimentation en gaz et électricité a été fortement affectée par l'ouragan. Les autorités ont averti que les maladies transmises par les moustiques pourraient commencer à se répandre, après qu'un homme âgé couvert de centaines de piqûres a été évacué par voie aérienne vers un hôpital.

«Galveston ne peut plus accueillir la population en toute sécurité», a estimé le directeur général des services de la ville, Steve LeBlanc. «Très franchement, nous allons vers une crise sanitaire pour les gens qui restent sur l'île».

En face dans la baie de Galveston, sur la péninsule de Bolivar, une zone balnéaire où des quartiers entiers ont été détruits par l'ouragan, seuls un ou deux immeubles de la ville de Gilchrist restent debout. La ville a été «pratiquement détruite», selon Aaron Reed, porte-parole des services des parcs et de protection de la vie sauvage.

Bolivar compte environ 30 000 habitants pendant le pic de la saison estivale. Aucun décès n'avait été rapporté lundi soir. Mais Aaron Reed confie avoir parlé à des habitants sans nouvelles de leurs amis après la tempête. Reed craint que leurs corps réapparaissent avec la décrue.

Mardi, le bilan du passage d'Ike aux États-Unis s'élevait à 40 morts, dont la majorité à l'extérieur du Texas. Parmi les morts enregistrés dans l'État même, trois ont succombé à une intoxication au monoxyde de carbone après l'utilisation de générateurs défectueux.

Pourtant, la situation semble s'améliorer. Rick Flanagan, chef des pompiers de Houston a constaté que les appels d'urgence avaient considérablement diminué lundi après-midi et le maire Bill White a estimé pour sa part que les personnes évacuées de la région de Clear Lake pouvaient rentrer chez elles.