Que penser d'une campagne présidentielle américaine où Paris Hilton, symbole de vide culturel, s'impose comme une référence?

«C'est plutôt stupide», a déclaré Roberta McCain, mère du candidat républicain.

Reconnue pour son franc-parler, la vénérable dame réagissait en ces termes à l'une des publicités télévisées de son fils, qui compare Barack Obama, «la plus grande célébrité du monde», à Paris Hilton et Britney Spears.

Et pourtant, cette annonce semble porter ses fruits : sa diffusion dans plusieurs États clés a coïncidé avec une baisse du sénateur Obama dans les sondages. En s'exprimant devant plus de 200 000 personnes à Berlin, celui-ci espérait convaincre les Américains de sa stature présidentielle. Grâce à leur pub, qualifiée de puérile par les démocrates, les républicains ont réussi à implanter une autre idée : le candidat démocrate n'est rien d'autre qu'une célébrité vide.

Stupide? Paris Hilton ne l'est peut-être pas plus que la moyenne des Américains. La semaine dernière, elle s'est de nouveau invitée dans la campagne présidentielle. Dans un maillot de bain à motif léopard, étendue sur une chaise longue, la jeune héritière a annoncé sa candidature à la Maison-Blanche dans un clip humoristique diffusé sur l'internet et repris par plusieurs chaînes de télévision.

«Salut l'Amérique, je suis Paris Hilton et je suis une célébrité. Mais je ne viens pas du passé et je ne promets pas le changement comme l'autre gars. Je suis juste une bombe», dit-elle en regardant la caméra.

Et d'ajouter : «Mais ce gars ridé aux cheveux blancs m'a utilisée dans sa pub de campagne, ce qui, j'imagine, veut dire que je suis candidate à la présidence. Alors, merci pour le soutien, mec aux cheveux bancs, et je veux que l'Amérique sache que je suis, genre, complètement prête à prendre les commandes.»

Pour le prouver, la starlette enchaîne en présentant un programme énergétique qui lui a valu d'être vantée par l'équipe de John McCain et certains commentateurs.

«Paris Hilton n'est peut-être pas une aussi grande célébrité que Barack Obama, mais elle a de toute évidence un meilleur plan pour l'énergie», a déclaré un porte-parole du sénateur républicain.

Howard Fineman, chroniqueur de l'hebdomadaire Newsweek, a pour sa part écrit : «Le message de Paris est le suivant : ne vous faites pas de mauvais sang, ne ridiculisez pas les idées de l'adversaire, essayez tout! Il n'y a rien de plus brillant que ça.»

Stupide? Plusieurs démocrates et commentateurs utilisent ce mot pour qualifier une des propositions énergétiques de John McCain (et de Paris Hilton) : la levée de l'interdiction des forages en mer. Selon le département américain de l'Énergie, l'impact d'une telle mesure sur la production de pétrole et le prix du carburant serait nul à court terme et «insignifiant» à long terme.

Qu'à cela ne tienne. John McCain et ses conseillers sont convaincus de tenir là un excellent filon. Ils ont peut-être raison. Selon un sondage, pas moins de 69% des Américains sont en faveur de la levée de l'interdiction des forages en mer et 51 % d'entre eux sont convaincus qu'une telle mesure réduira le prix du carburant en moins d'un an.

Les électeurs ont toujours raison

Barack Obama croit que la majorité des Américains ont tort. Mais les électeurs ont toujours raison aux États-Unis. Et le sénateur de l'Illinois vient de faire deux volte-face en matière énergétique, de peur d'être accusé de ne pas tenir compte de leurs préoccupations. Il s'est d'abord dit favorable à un « compromis » qui permettrait les forages au large de la côte ouest de la Floride, un des États clés de l'élection présidentielle. Ce «compromis», à l'étude au Sénat, s'inscrirait dans le cadre d'un plan énergétique prévoyant des investissements de plusieurs milliards dans les énergies renouvelables.

Le sénateur Obama s'est également prononcé pour l'utilisation d'une partie des réserves stratégiques de pétrole afin de faire baisser le prix du carburant, une mesure qu'il avait ridiculisée lors des primaires.

Les républicains ridiculisent Obama

Cette semaine, c'est Barack Obama lui-même que les républicains ont tenté de ridiculiser en réduisant son plan énergétique à un conseil qu'il a donné à un électeur : «La réponse de Barack Obama à la crise énergétique? Gonflez vos pneus!»

Le candidat démocrate avait fait valoir que les Américains économiseraient plus de carburant que n'en produiront jamais les forages en mer s'ils gonflaient correctement leurs pneus et réglaient leurs moteurs. Sa réplique aux républicains en dit long sur la politique au temps de Paris Hilton.

«On dirait qu'ils tirent fierté de leur ignorance», a déclaré le sénateur Obama.