Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, s'émeut de la volonté d'un promoteur de foire foraine d'autoriser l'installation d'une fausse chaise électrique permettant de simuler l'exécution d'un condamné à mort.

L'élu parisien a fait savoir au responsable de la Fête au bois, qui doit s'ouvrir ce week-end près du bois de Boulogne, que l'attraction lui semblait inacceptable.

La préfecture de police a emboîté le pas en soulignant qu'elle pourrait interdire purement et simplement l'appareil pour protéger les mineurs appelés à circuler sur le site. Une décision à ce sujet pourrait être prise dès aujourd'hui.

Deux conseillers municipaux du parti écologiste des verts ont aussi dénoncé la fausse chaise électrique, soulignant que «ce spectacle de mauvais goût» à la morbidité «malsaine» nuirait à l'image de la foire. Ils suggèrent plutôt de l'installer devant l'ambassade américaine des États-Unis pour condamner le recours à l'exécution capitale dans le pays.

Le parti de la majorité gouvernementale demande pour sa part au ministère de l'Intérieur d'intervenir pour que l'attraction soit carrément interdite sur l'ensemble du territoire français.

«On ne joue pas avec la mort et on ne joue pas avec la peine de mort, interdite dans notre pays, qui plus est dans des fêtes autorisées aux mineurs», a déclaré le porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre.

Une sénatrice parisienne entend, elle, demander que les attractions de fête foraine soient classifiées comme les films ou les jeux vidéo pour préserver les mineurs d'images trop violentes.

Attraction d'origine américaine

Au coeur de ce déluge de protestations, une attraction d'origine américaine achetée 10 000$ par le propriétaire français d'un manège de train fantôme, Stéphane Camors, qui cherchait une façon d'attirer l'attention d'éventuels clients. «Il n'y a aucun symbole, aucun message. N'y voyez surtout pas une apologie de la peine de mort», a-t-il expliqué il y a quelques semaines à l'Agence France-Presse.

Avec le courant, le personnage en latex placé, tête encagoulée, sur la chaise se contorsionne, pousse des cris, et finit par s'immobiliser alors que de la fumée sort de ses pieds. Plusieurs vidéos montrant le singulier «spectacle» ont été placées sur des sites de partage en ligne comme YouTube ou Dailymotion. L'installation a été brièvement présentée en août dans une foire du Var, dans le sud du pays, avant d'être retirée à la demande du maire de la commune.

Le même scénario était survenu en juillet en Italie, en banlieue de Milan, avec une chaise similaire. L'affaire était jugée d'autant plus sensible que Rome a pris la tête d'une vaste campagne internationale pour l'abolition de la peine de mort.

Le responsable de la Fête au bois, Marcel Campion, estime que la polémique prend en France des proportions «délirantes», les médias donnant, faute d'avoir mieux à faire, un écho trop important à des politiciens en mal de publicité.

Malgré son irritation, le responsable de la Fête au bois affirme qu'il se conformera à l'ordre de la Préfecture si elle décide que le retrait de la controversée chaise électrique s'impose.