Le parti de l'opposante birmane Aung San Suu Kyi a déclaré mardi que la lauréate du prix Nobel de la paix, assignée à résidence, aurait commencé à refuser des livraisons de nourriture mais un responsable de la junte militaire a démenti une éventuelle grève de la faim.

Des opposants birmans en exil ont affirmé que Mme Suu Kyi, 63 ans, confinée dans sa demeure délabrée de Rangoun depuis 2003, avait accepté des livraisons de nourriture pour la dernière fois le 15 août mais son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), s'est montré prudent.

«Je ne peux pas confirmer si elle est en grève de la faim, mais nous avons entendu qu'elle n'a pas pris possession de sa nourriture», a déclaré Nyan Win, porte-parole de la LND.

«Nous sommes très inquiets de cette situation, alors que nous n'avons vraiment aucun contact direct avec elle», a-t-il dit.

«Nous avons également entendu qu'elle a présenté des demandes aux autorités il y a deux semaines. Nous ne savons pas quelles sont ses demandes, mais il est probable que cela concerne sa détention», a ajouté Nyan Win.

Le régime militaire a, pour sa part, démenti toute grève de la faim.

«Ce ne sont que des rumeurs, ce n'est pas vrai», a assuré un responsable birman, sous le couvert de l'anonymat. «Nous n'avons reçu aucune demande de sa part», a-t-il ajouté.

«On essaie d'en savoir plus», a pour sa part indiqué un diplomate occidental qui a requis l'anonymat. Il a rappelé que la seule personne réellement en mesure de donner des informations sur Mme Suu Kyi était son médecin personnel, Tin Myo Win, qui l'a examinée le 17 août. Il s'agissait du premier examen médical de la dirigeante depuis février.

Aung San Suu Kyi, qui a été privée de liberté pendant la majeure partie des 19 dernières années, avait créé la surprise la semaine dernière en refusant de rencontrer l'envoyé spécial de l'ONU en Birmanie, Ibrahim Gambari.

M. Gambari était venu dans l'espoir de relancer le dialogue entre l'opposition et le régime militaire, mais sa mission s'était achevée sur un échec qui a mis l'accent sur l'impasse politique en Birmanie où l'armée est au pouvoir depuis 1962.

En 1990, la LND avait très largement remporté des élections pluralistes mais les militaires n'avaient pas honoré les résultats et la formation de Mme Suu Kyi n'a jamais accédé au pouvoir.