Le chef de la police criminelle fédérale allemande (BKA), Jörg Ziercke, a accusé mercredi les autorités italiennes de faire de la rétention d'informations envers l'Allemagne en matière de lutte anti-mafia alors qu'existe une cellule ad hoc germano-italienne.

«Les Italiens nous fournissent des indices, mais pas les preuves» permettant d'accuser et de lancer des procédures, a déploré M. Ziercke lors d'une conférence de presse à Berlin faisant le bilan des activités du crime organisé en Allemagne.

La «Task Force» germano-italienne mise en place après le règlement de comptes mafieux sanglant d'août 2007 à Duisbourg (ouest), qui s'était soldé par six morts, «n'est pas absurde (...) mais j'ai besoin d'informations qui accusent, de preuves, or l'Italie ne les fournit pas», a dit M. Ziercke.

Son bras droit Jürgen Maurer a déploré que «les autorités italiennes fournissent en général des informations qui ne sont pas actuelles» et qu'elles conçoivent la Task Force «d'abord comme un groupe d'analyse» alors que l'Allemagne souhaite «un instrument opérationnel» permettant l'action.

Dans la nuit du 14 au 15 août 2007 à Duisbourg, les corps de six Italiens, âgés de 16 à 39 ans et membres d'un clan mafieux avaient été découverts criblés de balles devant un restaurant italien. Cette tuerie mise au crédit de la 'Ndrangheta, l'une des quatre mafias italiennes, s'inscrit dans le cadre d'une vendetta opposant deux clans calabrais et qui a fait une quinzaine de morts depuis 1991. Le suspect principal, Giovanni Strangio, 29 ans, court toujours.