Le roi Albert II a plaidé dimanche, à la veille de la fête nationale belge, pour «l'union» entre les communautés de Belgique, «seule voie possible» du pays en crise, mais a également évoqué à demi mot la nécessité d'un changement institutionnel.

«Nous devons inventer de nouvelles formes de vivre ensemble dans notre pays», a déclaré Albert II en soutenant ainsi à mots couverts une réforme de l'État censée renforcer l'autonomie des régions, que la première d'entre elles, la Flandre, réclame à cor et à cri.

«Il dit clairement qu'il faudra un véritable chantier institutionnel», a commenté Hervé de Ghellinck, chef du service politique de la RTBF.

Le roi a d'ailleurs nommé cette semaine un trio de «sages» pour plancher sur la réforme de l'État et en particulier donner aux Flamands des garanties que les francophones accepteront une telle réforme.

Mais le roi ne semble pas soutenir cette réforme à tout prix et il a également envoyé un message aux Flamands qui seraient réellement tentés par le séparatisme.

«Notre pays traverse, vous le savez bien, de sérieuses difficultés politiques», a noté le roi dans son discours habituel à la veille du 21 juillet.

«Mais j'aimerais rappeler que les difficultés et les crises sont aussi des occasions de rebondir et de se ressaisir».

«La division dans les esprits n'est pas une fatalité, c'est l'union et la tolérance dans le respect de l'identité de chaque entité fédérée qui représente la seule voie possible dans notre société démocratique», a insisté le roi, faisant ainsi référence à l'opposition entre francophones et Flamands, qui déchire le pays depuis des mois.

Pour convaincre ses compatriotes, il a fait appel à la mémoire de son frère le roi Baudouin, très respecté par les Belges qui célèbreront le 31 juillet le 15e anniversaire de sa mort.

«Le roi Baudouin était un avocat vigoureux de l'unité et de la cohésion du pays dans le respect de sa diversité. Il était convaincu que le caractère multiculturel de notre pays est une richesse et un atout», a-t-il insisté.

«Dans son dernier discours de juillet 1993, il préconisait et je cite 'un esprit de conciliation, de bonne volonté, de tolérance et de civisme fédéral'», a poursuivi le souverain, notant que ce discours «reste d'une grande actualité».

Les médias belges ont estimé que le roi était resté «prudent» sur la crise institutionnelle que traverse le pays, n'y consacrant qu'une petite partie de son discours d'une dizaine de minutes, qui devait être approuvé par le Premier ministre Yves Leterme.

Il s'est en revanche beaucoup plus longuement consacré à des questions comme la pauvreté et le chômage, le suicide des jeunes, ou encore les «drames» en Afrique.

Albert II a refusé jeudi soir la démission d'Yves Leterme présentée lundi soir, reconduisant le gouvernement de coalition formé en mars après moult difficultés.

Le Premier ministre chrétien-démocrate flamand a cependant été largement déchargé du dossier sur lequel il patine depuis le début, le casse-tête de la réforme de l'État.

Cette mission a été confiée à un trio de «sages» qui doit rendre un premier rapport pour le 31 juillet.