Ingrid Betancourt a décroché vendredi soir son portrait géant qui était accroché au fronton de la mairie de Paris, et a ponctué cet acte symbolique d'une note d'humour.

«Je suis désolée d'avoir enlaidi la façade de l'Hôtel de Ville», a déclaré dans un sourire l'ex-otage franco-colombienne, devant plusieurs milliers de personnes qui l'ont acclamée.

Son immense portrait avait été accroché au fronton de la mairie en 2004 et la photo changée en décembre dernier, la montrant très amaigrie. Le compteur de ses jours de détention s'est arrêté à 2321, et depuis sa libération mercredi, l'inscription «libre» s'affichait.

«Je suis extraordinairement heureuse d'être ici avec vous. Je suis tellement fière d'être française et ensuite d'être parisienne», a ajouté l'ex-otage, arrivée sur le parvis de l'Hôtel de Ville au bras du maire socialiste Bertrand Delanoë. L'ancien maire Jean Tiberi était également présent.

«Quand on est en captivité, on pense souvent à des choses un peu sottes. Il y a six mois un an, je détestais l'idée d'être enterrée dans la jungle, qui m'a tellement fait souffrir. Je veux vivre en Colombie, mon destin est là bas, mais je voudrais mourir en France, y terminer ma vie, et être enterrée ici dans très longtemps», a-t-elle ajouté.

Citoyenne d'honneur de la Ville de Paris depuis 2002, Ingrid Betancourt, arrivée l'après-midi même de Colombie, a terminé à l'Hôtel de Ville sa première journée en France, «son autre famille», après six ans et demi de détention.

«Jamais, dans notre vie il ne nous était arrivé d'aimer autant quelqu'un qu'on avait jamais vu», a pour sa part déclaré M. Delanoë.

«J'ai tenu à ce que nous soyons tous ensemble ce soir autour de vous et de ce que vous représentez comme force et comme espérance», a-t-il ajouté.

Ingrid Betancourt a été libérée mercredi par l'armée colombienne avec 14 autres otages, trois Américains et onze militaires et policiers colombiens, lors d'une opération menée par un commando spécial de l'armée, dans le sud-est de la Colombie.