Un total de 86 victimes mortes mercredi dans l'accident d'avion de la compagnie Spanair à Madrid, sur 153, avaient été identifiées lundi matin, a déclaré le ministre espagnol de l'Intérieur, qui n'écartait pas que certains corps ne soient jamais identifiés.

«Nous avons identifié 86 victimes, il en reste donc 67 à identifier», a déclaré Alfredo Perez Rubalcaba à la radio Cadena Ser.

153 personnes sont mortes mercredi dans l'accident d'un MD-82 de la compagnie espagnole Spanair au décollage de Madrid. Une 154ème personne est morte samedi des suites de ses blessures.

«La plupart des identifications se feront dans les prochains jours», a déclaré le ministre, ajoutant que les équipes de légistes travaillaient jour et nuit pour aller le plus vite possible.

«Nous nous sommes retrouvés confrontés à plus de difficultés que prévu, essentiellement à cause du mauvais état des échantillons d'ADN et cela ralentit les travaux», a-t-il déclaré. Il est «possible» que certains corps ne soient jamais identifiés, a-t-il estimé.

«Il faut respecter deux impératifs: la célérité, car nous sommes conscients de ce qu'il se passe, de la douleur, de la souffrance» des proches, «mais il faut la sécurité et cela est plus important: que les identifications soient certaines», a rajouté le ministre du gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero.

Lundi matin, les 18 survivants étaient toujours hospitalisés, dont deux dans un état très grave. Les médecins étaient notamment préoccupés par «l'évolution de la situation neurologique» d'une femme de 44 ans.

L'appareil, qui devait rallier Las Palmas, dans l'archipel des Canaries, dans l'océan Atlantique, s'est embrasé après s'être écrasé pour des raisons encore inconnues alors qu'il était en phase de décollage. Nombre des victimes ont été carbonisées, ce qui complique les tâches d'identification.

Le recours aux empreintes digitales n'a été possible que pour une cinquantaine de corps. Pour les autres victimes, les tests ADN s'avèrent nécessaires.

Tous les Espagnols ont leur empreinte digitale enregistrée lors de la confection de leur document officiel d'identité.

Le ministère de la Justice a mobilisé des biologistes spécialisés pour pouvoir le prélever dans 62 cas particulièrement complexes.

Le rythme des identifications a suscité une certaine impatience parmi les familles des proches réunies depuis mercredi dans un hôtel près de l'aéroport, qui demandent que leurs soient rendus les corps.

Le gouvernement a multiplié les efforts pour expliquer la lenteur des opérations. Dimanche, le responsable des services d'identification de la Garde civile s'est présenté devant les proches pour expliquer la situation.

Ce sujet est sensible en Espagne en raison d'un précédent. Lors du l'accident d'un avion de transport de troupes en 2003 en Turquie, qui avait coûté la vie à 62 militaires espagnols, la hâte à rapatrier et inhumer les corps avait conduit à de graves négligences dans les identifications, avec 30 erreurs sur 62.

Cette affaire, dite du Yak-42, du nom de l'appareil accidenté, avait plongé dans l'embarras le gouvernement conservateur de l'époque.