À quatre jours du coup d'envoi des Jeux olympiques de Pékin, un attentat contre la police dans l'ouest musulman de la Chine a fait lundi 16 morts et 16 blessés.

L'attaque visant un poste de la police des frontières à Kashgar, dans la région du Xinjiang, qui serait de nature «terroriste» selon les autorités chinoises, a été perpétrée par deux assaillants à 8 h locales, a indiqué l'agence officielle Chine Nouvelle.

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Les deux suspects appartiennent à l'ethnie ouïghoure, des musulmans turcophones, a précisé l'agence.

A bord d'un camion, les deux hommes ont foncé sur un groupe de 70 policiers qui faisaient leur jogging matinal, a précisé l'agence officielle. Ils sont sortis du camion en lançant des engins explosifs artisanaux et ont poignardé des policiers.

Quatorze policiers sont morts sur place et deux autres pendant leur transfert vers l'hôpital. L'un des deux assaillants, arrêtés immédiatement après l'attentat, a perdu un bras, a ajouté l'agence officielle.

Les débris de cinq engins explosifs ont été retrouvés sur les lieux.

Siegfried Maurer, un Allemand qui était descendu avec son épouse dans un hôtel proche, a relaté avoir été réveillé par «deux énormes explosions», avant d'être consigné dans sa chambre quatre heures.

«(Les policiers) ont vérifié nos appareils photo numériques pour voir si nous avions des photos de l'attaque», a précisé M. Maurer.

Le porte-parole du Congrès mondial des Ouïghours, basé en Europe, a confirmé l'attaque auprès de l'AFP, en citant des sources locales.

Dilxat Raxit n'était cependant pas en mesure d'indiquer si les assaillants appartenaient à l'ethnie ouïghoure, des musulmans turcophones, qui, selon lui, ont souffert d'importantes discriminations en amont des JO «parce qu'ils sont systématiquement considérés comme des terroristes».

Les autorités chinoises n'ont pas établi pour l'instant si cette attaque non revendiquée, à plus de 4 000 km de Pékin, avait un lien avec les jeux Olympiques qui s'ouvrent vendredi dans la capitale chinoise.

«Nous devons vérifier», a déclaré à l'AFP Sun Weide, porte-parole du comité d'organisation des JO (Bocog).

Le Comité international olympique (CIO) n'a pas souhaité commenter l'attaque, renouvelant sa confiance à la Chine pour «faire tout ce qui est humainement possible» pour assurer que les JO se dérouleront «en toute sécurité», selon sa porte-parole Giselle Davies.

«C'est un incident en Chine, nous ne devrions pas établir automatiquement un lien quelconque avec les jeux», a-t-elle déclaré à l'AFP.

Les organisateurs des JO ont assuré ne pas avoir de crainte pour la sécurité de la flamme à Pékin, lors du relais de mercredi à vendredi.

«Les différents départements de la police de Pékin ont pris des précautions détaillées pour le relais», a déclaré Sun Xuecai, un des responsables du parcours à Pékin.

«Nous avons mis en place un système de commandement et de contrôle efficace» pour les Jeux, a affirmé Sun Weide, le porte-parole du Bocog.

L'armée chinoise a notamment déployé plus de 34 000 soldats, 121 avions et hélicoptères et 33 navires.

A Hong Kong où auront lieu les épreuves d'équitation, le dispositif de sécurité pourrait être revu à la hausse.

Pour Nicholas Bequelin, qui suit la Chine pour l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch, «si les 16 morts sont confirmés, il s'agira du plus lourd bilan jamais enregistré dans une attaque» au Xinjiang.

En 1997, une série d'attentats à la bombe à Urumqi, capitale de la région, avait fait 9 morts et 74 blessés dans trois autobus.

Ces derniers mois, les autorités chinoises ont affirmé faire face à des menaces terroristes visant les JO, en provenance notamment du Xinjiang.

Selon Chine Nouvelle, les responsables régionaux de la sécurité ont récemment récolté des «éléments suggérant que le Parti islamique du Turkestan oriental (ETIM) prévoyait de mener des attaques entre le 1er et le 8 août».

Fin juillet, ce groupe séparatiste ouïghour, qui cherche à établir un Etat indépendant au Xinjiang, a revendiqué plusieurs attentats en Chine.