Les forces soudanaises ont renforcé mardi leur présence à l'extérieur d'un camp de déplacés du Darfour, dans l'ouest du pays, où des affrontements ont fait la veille 36 morts avec les rebelles, selon un nouveau bilan donné par un de leurs chefs.

Lundi, des rebelles et des témoins avaient fait état d'au moins 25 morts lors d'affrontements avec les forces soudanaises dans le camp de Kalma, qui abrite environ 80 000 personnes près de la ville de Nyala, dans le sud du Darfour.

«Il semble que, la nuit dernière, il y ait eu un renforcement des forces de sécurité autour du camp», a déclaré à l'AFP un responsable de l'ONU sous couvert de l'anonymat.

Un chef local à l'intérieur du camp, Adam Mohamed, a également déclaré à l'AFP par téléphone que davantage de véhicules des forces de sécurité encerclaient le camp.

«Les forces policières resteront en place jusqu'à ce qu'elles entrent dans le camp pour y saisir des stocks d'armes», a indiqué la commission de sécurité du Darfour, cité par les médias d'État.

Cinq policiers et sept résidents de Kalma ont été blessés quand des hommes armés à l'intérieur du camp ont ouvert le feu, «obligeant» les forces de police à riposter, a ajouté la commission.

Les autorités soudanaises considèrent Kalma, où vivent de nombreux représentants de groupes rebelles, comme un foyer du crime. Selon des sources gouvernementales, la police y a arrêté lundi des «criminels recherchés» et saisi des armes et de la drogue.

Ahmed Abdel Shafie, un chef militaire de la nébuleuse rebelle de l'Armée de libération du Soudan (SLA), a affirmé mardi à l'AFP que le bilan des affrontements s'élevait désormais à 36 morts, précisant que tous les corps avaient été identifiés.

Selon lui, au moins cinq femmes et deux enfants figurent parmi les victimes.

«La situation est très mauvaise. Les gens souffrent», a-t-il dit par téléphone, indiquant que les habitants manquaient de médicaments et devaient faire face à de fortes pluies.

Il a en outre accusé la force de maintien de la paix de l'ONU et de l'Union africaine (Minuad) au Darfour de ne rien tenter pour arrêter l'opération.

«Nous sommes très choqués et déçus (...) Ils ne devraient pas permettre aux forces armées d'entrer dans un camp de civils non armés», a dit M. Shafie.

La Minuad avait expliqué lundi avoir arrêté ses patrouilles dans le camp après avoir refusé d'aider les forces soudanaises à y saisir des armes car cela n'entrait pas dans son mandat.

Le bilan des victimes variait cependant selon les sources, les travailleurs humanitaires et les membres de la Minuad ne confirmant pas le nombre de morts.

Des résidents du camp ont cependant affirmé que 24 corps n'avaient toujours pas été enterrés mardi, réclamant à l'ONU des draps blancs pour recouvrir les dépouilles selon le rite musulman, et des mesures de sécurité pour les funérailles.

L'organisation Médecins sans frontières (MSF), qui gère une clinique à Kalma, a indiqué ne pas avoir d'informations sur de nouveaux incidents ou nouvelles victimes.

«Nous avons soigné 65 patients, dont 49 ont été transférés à Nyala hier (lundi)», a déclaré à l'AFP Jose Hulsenbeq, une responsable de MSF.

Selon elle, les conditions de vie difficiles à Kalma se sont détériorées avec les récentes inondations, de nombreuses personnes ayant perdu leurs abris et vu leurs latrines détruites.

Ces combats ont éclipsé l'arrivée lundi du nouveau médiateur de l'ONU et de l'Union africaine (UA) au Darfour, Djibrill Bassolé.

Le conflit au Darfour, où s'affrontent depuis 2003 forces gouvernementales appuyées par des milices arabes et mouvements rebelles, a fait jusqu'à 300 000 morts, selon l'ONU, quelque 10 000 selon Khartoum.