Le candidat démocrate à la Maison-Blanche Barack Obama s'est emparé lundi du principal sujet de préoccupation des électeurs américains en détaillant son plan pour l'énergie et en accusant son adversaire d'être inféodé aux grandes compagnies pétrolières.

Tourné en ridicule dans les dernières publicités télévisées républicaines, Barack Obama a contre-attaqué, à trois mois jour pour jour de la présidentielle, en lançant au niveau national un clip prenant pour cible les relations entre John McCain et les grandes compagnies pétrolières.

«Chaque fois que vous remplissez votre réservoir, les compagnies pétrolières se remplissent les poches», affirme le clip du candidat démocrate. «Les grandes compagnies pétrolières ont donné jusqu'à présent 2 millions de dollars à la campagne de John McCain», dit une voix-off. «Au lieu de vouloir taxer les profits des compagnies pétrolières pour aider les automobilistes, McCain veut leur donner 4 milliards de dollars de remises d'impôts», ajoute le clip démocrate.

«Après avoir eu un président inféodé aux compagnies pétrolières, nous ne pouvons nous permettre d'en avoir un second», affirme le clip en montrant une photo de George W. Bush et John McCain côte à côte.

Les publicités négatives du camp McCain semblent avoir eu un impact sur l'opinion américaine. Après avoir bénéficié d'un avantage de neuf points sur M. McCain le 27 juillet, après son retour du Proche-Orient et d'Europe, dans le sondage quotidien de l'institut Gallup, M. Obama a vu sa cote baisser régulièrement à mesure qu'étaient diffusés les clips républicains. Vendredi et samedi, Gallup plaçait les deux candidats à égalité (44%), lundi M. Obama avait repris un maigre avantage (46% contre 43%). Mais l'institut Rasmussen qui publie également un sondage quotidien, plaçait lundi pour la première fois M. McCain devant M. Obama (47% contre 46%).

Lundi, dans un discours au ton solennel prononcé à Lansing (Michigan, nord), M. Obama a proposé de puiser dans les réserves pétrolières stratégiques américaines pour contribuer à faire baisser le prix de l'essence.

M. Obama a proposé de mettre sur le marché 70 millions de barils stockés dans les réserves stratégiques de pétrole des Etats-Unis pour soulager les Américains confrontés aux prix records de l'essence.

Jusqu'à présent, M. Obama n'était pas partisan d'utiliser les réserves stratégiques. Les républicains demeurent majoritairement opposés à cette mesure.

Le sénateur démocrate a également indiqué qu'il voulait lancer un plan de 150 milliards de dollars visant à réduire la dépendance énergétique des Etats-Unis en investissant massivement dans les énergies renouvelables.

«La dépendance (au pétrole) est l'une des plus dangereuses et des plus urgentes menaces auxquelles nous faisons face», a dit M. Obama. Il a souhaité qu'en dix ans les Etats-Unis n'aient plus besoin du pétrole importé du Moyen-Orient et du Venezuela.

Il a rappelé qu'il était favorable à l'attribution immédiate d'un chèque de 1 000 dollars pour les Américains puisés sur une taxe sur les profits des compagnies pétrolières.

Les républicains sont farouchement opposés à une taxe sur les profits des compagnies pétrolières.

L'essence ordinaire coûtait lundi 3,881 dollars le gallon (3,78 litres) en moyenne nationale, plus d'un dollar de plus que l'an dernier à la même époque, selon l'Association automobile américaine (AAA).

Le prix de l'essence à la pompe est devenu le premier sujet de préoccupation des électeurs américains, loin devant la guerre en Irak.

Vendredi déjà, M. Obama avait mis fin à son opposition catégorique aux forages en mer, se disant favorable à un «compromis» qui permettrait l'exploitation de champs pétrolifères situés au large de la côte ouest de la Floride.

Face à ce qu'il présente comme des volte-face du candidat démocrate, le camp républicain a dénoncé l'«hypocrisie» de M. Obama.