La Corée du Sud a décidé vendredi de suspendre les voyages de ses ressortissants vers l'un des seuls sites de Corée du Nord ouverts aux touristes du sud après la mort d'une Sud-coréenne, abattue par un soldat du régime communiste pour avoir pénétré dans une zone interdite.

La femme âgée de 53 ans a été tuée sur le mont Kumgang, l'un des rares sites ouverts aux touristes sud-coréens, situé sur la côte est de la Corée du Nord, a indiqué à l'AFP un responsable du ministère sud-coréen de l'Unification.

La Corée du Sud qui a exprimé ses «profonds regrets» a aussitôt annoncé qu'elle suspendait les visites de ses ressortissants sur ce site touristique et a demandé une enquête.

«Il est profondément regrettable qu'une touriste sud-coréenne ait été tuée par un soldat nord-coréen», a déclaré Kim Ho-Nyoun, porte-parole du ministère sud-coréen de l'Unification.

Il s'agit du premier incident de la sorte depuis l'ouverture de ce site en 1998.

Cet indicent est intervenu le jour même où le président sud-coréen Lee Myung-Bak a proposé à la Corée du Nord des discussions sur l'application d'accords conclus par le passé, tentant ainsi d'apaiser plusieurs mois de tension entre les deux pays.

«Un large dialogue doit reprendre entre les deux Corées», a déclaré le président Lee dans un discours au Parlement, où il a également proposé d'aider le régime communiste à résoudre sa grave crise alimentaire.

Le gouvernement sud-coréen «souhaite engager de sérieuses consultations sur les moyens de mettre en oeuvre des accords intercoréens conclus jusqu'à maintenant», notamment les deux accords conclus par ses prédécesseurs en 2000 et 2007, a ajouté le président, qui était au courant de l'incident avant de prononcer son discours, selon son porte-parole.

La touriste sud-coréenne, Park Wang-Ja, qui était mariée, a été tuée après avoir été touchée aux jambes et à la poitrine. Elle a été atteinte alors qu'elle se promenait sur la plage et qu'elle venait de pénétrer de 1,2 km sur une zone militaire, ont indiqué les autorités nord-coréennes aux responsables de la société sud-coréenne Hyundai qui exploite le site.

Le soldat a fait feu alors que la femme, qui avait reçu l'ordre de s'arrêter, s'enfuyait, ont précisé les autorités nord-coréennes.

«Nous avons compris que Mme Park a pénétré dans la zone sans savoir qu'elle était interdite, et ce durant sa promenade matinale», a indiqué à l'agence Yonhap un responsable de Hyundai.

Séoul, qui a demandé à Pyongyang d'ouvrir une enquête et de pleinement collaborer, va également ouvrir sa propre enquête, a précisé Kim jung-Tae, un autre représentant du ministère de l'Unification.

Ce dernier a précisé que la Corée du Nord ne s'était pas exprimée officiellement sur l'incident.

L'incident s'est produit vendredi matin vers 05H00 locales (16 h HAE) et le corps, rendu à la Corée du Sud vers midi, a ensuite été transporté dans un hôpital de Sokcho (Corée du Sud), à proximité de la frontière intercoréenne.

Le Mont Kumgang, qui signifie «la montagne du diamant», représente un symbole de la réconciliation entre les deux nations techniquement encore en guerre, depuis la fin de la guerre de Corée (1950-1953).

Près d'1,8 million de touristes, essentiellement sud-coréens, se sont rendus sur le site de Kumgang depuis son ouverture en 1998. Le site qui comprend des hôtels a été développé par le groupe sud-coréen Hyundai et est exploité par une de ses filiales.

Quelque 1.290 touristes sud-coréens se trouvent actuellement à Kumgang et choisiront eux-mêmes de prolonger ou d'interrompre leur séjour, a précisé Hyundai.