Le président zimbabwéen Robert Mugabe a souhaité mercredi une «issue positive» et «rapide» des négociations avec l'opposition, suspendues depuis deux jours, avant un entretien à Harare avec son homologue sud-africain Thabo Mbeki, médiateur dans la crise.

«Nous sommes toujours en train de négocier, nous voulons réussir. Des négociations sont des négociations bien sûr, ce ne sont pas des paris. Il n'y a ni gagnant, ni perdant», a déclaré le président Mugabe avant sa rencontre avec Thabo Mbeki.

«Nous aimerions voir la conclusion rapide des pourparlers et une issue positive afin de pouvoir nous concentrer sur notre économie», a-t-il précisé.

Le président a espéré rencontrer prochainement son rival, le chef de l'opposition Morgan Tsvangirai. «Il y a des étapes qui demandent la présence des leaders en personne, j'espère que cette étape arrivera bientôt», a-t-il dit.

Les négociations, ouvertes en Afrique du Sud la semaine dernière et qui visent à définir une formule de partage du pouvoir, sont suspendues depuis lundi soir, l'opposition ayant évoqué «une impasse».

Le Mouvement pour le changement démocratique (MDC, opposition) et l'Union nationale africaine du Zimbabwe - Front patriotique (Zanu-PF, au pouvoir) s'opposent notamment sur la légitimité de leur leader respectif.

Mais le président Mbeki s'est fait rassurant mardi, affirmant que le dialogue se déroulait «très bien» et que les discussions «ajournées» reprendraient dans «quelques jours».

Il s'est toutefois entretenu mardi à Pretoria avec Morgan Tsvangirai et s'est rendu mercredi à Harare pour discuter avec le président Mugabe puis le leader d'une faction dissidente de l'opposition, Arthur Mutambara.

La rencontre entre les présidents Mugabe et Mbeki a commencé vers 15h30 (9h30, heure de Montréal) à la résidence présidentielle.

L'opposition a accusé mercredi le parti au pouvoir d'avoir tué la semaine dernière deux de ses militants en dépit des négociations. Ce qui porte aujourd'hui à 122 le bilan des tués depuis les élections générales fin mars, remportées par le MDC.

«La violence et les meurtres continuent malgré le dialogue (...) Ces morts montrent qu'il n'y a aucune sincérité de la part de la Zanu-PF», assène le MDC dans un communiqué.

Le dialogue de fond entre des représentants de l'opposition et du pouvoir a commencé le 24 juillet près de Pretoria après la signature d'un protocole d'accord à Harare entre MM. Tsvangirai et Mugabe.

Les discussions, initialement prévues pour durer deux semaines, visent à débloquer la situation née de la réélection controversée fin juin du président Mugabe, 84 ans dont 28 au pouvoir. Morgan Tsvangirai, arrivé en tête au premier tour fin mars, s'était retiré de la course face aux attaques répétées contre ses partisans.

Tout comme l'opposition, l'Occident avait refusé de reconnaître la reconduction de Robert Mugabe et imposé la semaine dernière de nouvelles sanctions contre des membres du régime Mugabe.

«Nos détracteurs nous accusent d'être inflexibles. Quand nous avons commencé les pourparlers, ils ont fait en sorte de nous imposer des sanctions que nous ne comprenons pas», a déclaré lors d'une conférence de presse à la Banque centrale le président zimbabwéen, qui s'en est également pris aux entreprises.

Il les a accusées de profiter de l'hyperinflation -- qui se chiffre en millions de pour cent -- avant de les menacer de mettre en place des «mesures sévères».

«Nous voulons voir un revirement sur le plan économique, nous voulons voir un revirement sur le plan politique», a martelé le président Mugabe lors de l'annonce du remplacement des billets de 10 milliards de dollars par des titres de un dollar zimbabwéen.