Le démocrate Barack Obama effectue la semaine prochaine sa première visite en tant que candidat à la Maison-Blanche sur le Vieux continent où il suscite autant d'enthousiasme que d'espoirs.

Si les Européens pouvaient voter à l'élection présidentielle américaine de novembre, leur choix se porterait à 52% en faveur du sénateur de l'Illinois contre 15% pour son rival républicain John McCain, selon un sondage publié à la mi-juin par le journal britannique Daily Telegraph.

Ce sont les Italiens qui se montrent les plus enthousiastes à l'égard de M.Obama --70% voteraient pour lui-- devant les Allemands (67%), les Français (65%) et les Britanniques (49%).

Les Autrichiens seraient même 81% à vouloir voter M. Obama s'ils le pouvaient, contre à peine 6% pour John Mc Cain, d'après un autre sondage publié fin juin.

Barack Obama, 46 ans, bénéficie aussi de la bienveillance d'une grande partie de la presse européenne qui voit en lui «un Kennedy de notre temps», comme l'écrivait en février l'éditorialiste britannique de renom William Rees-Mogg.

Si la plupart des responsables politiques européens favorables à M. Obama évitent de lui témoigner publiquement leur soutien, certains ont du mal à retenir leur ferveur.

Dans leur discours politique, le chef de la diplomatie allemande, le social-démocrate Frank-Walter Steinmeier, comme le leader de la gauche italienne Walter Veltroni ont adopté son mot d'ordre «Yes we can» (on peut le faire).

En Espagne, le chef du gouvernement socialiste José Luis Rodriguez Zapatero est allé plus loin en affichant ouvertement sa sympathie envers le candidat démocrate. «Je l'aime bien, oui», a-t-il confié en juin à un journaliste du Financial Times qui lui demandait s'il souhaitait voir M. Obama à la Maison-Blanche.

En France, où les livres sur M. Obama, né à Honolulu d'une mère américaine et d'un père kenyan, se vendent en abondance, la majorité des députés sont séduits par celui qui incarne, à leurs yeux, le changement après les huit ans au pouvoir du président républicain sortant George W. Bush.

En Allemagne, où M. Obama entame sa tournée de campagne européenne jeudi avant de rejoindre la France et la Grande-Bretagne, la venue du candidat démocrate a déclenché des frictions au sein du gouvernement de coalition de la chancelière conservatrice Angela Merkel.

Celle-ci avait exprimé des réserves quant au souhait de M. Obama de faire un discours à la porte de Brandebourg, symbole majeur de la réunification de la capitale, alors que le vice-chancelier Steinmeier avait salué le projet.

À défaut de pouvoir s'exprimer à cet endroit comme l'avaient fait par exemple les présidents américains en exercice Ronald Reagan en 1987 ou Bill Clinton en 1994, Barack Obama devra se rabattre sur un autre haut-lieu de la capitale allemande, la «Colonne de la victoire».

Le candidat démocrate sera reçu jeudi matin par Mme Merkel puis tôt dans l'après-midi par M. Steinmeier.

«Les Allemands attendent beaucoup d'Obama parce qu'ils considèrent que son origine métisse le rend plus ouvert» sur le monde, a estimé Constanze Stelzenmueller, la directrice de la fondation «Fonds Marshall» à Berlin, tout en mettant en garde les Allemands contre des «attentes exagérées».

En Grande-Bretagne, Trevor McCrisken, professeur associé de sciences politiques américaines et études internationales à l'université Warwick, fait la même analyse pour expliquer la ferveur que les Britanniques manifestent pour M. Obama.

«Je crois qu'il y a un certain sentiment de ce côté-ci de l'Atlantique selon lequel tout démocrate serait une excellente alternative à Bush parce qu'il serait beaucoup plus ouvert sur l'extérieur et à l'écoute des alliés européens», a-t-il dit à l'AFP.