John Kennedy Jr a dû être extrait d'une cachette dans un meuble du Bureau ovale, et Susan Ford a fugué à l'insu du Secret service. Parfois, c'est accompagné d'une famille nombreuse que le président arrive à la Maison-Blanche. Le quotidien d'un enfant y est rempli de défis, mais il regorge également d'expériences que peu de gens ont l'occasion de vivre au cours d'une existence entière.

Si le démocrate Barack Obama est élu 44e président des États-Unis en novembre, ses filles Malia, 10 ans, et Sasha, sept ans, deviendront les plus jeunes enfants à la Maison-Blanche depuis la fille de Jimmy Carter, Amy, qui avait neuf ans lorsque son père a été élu en 1977. Le républicain John McCain, 71 ans, a lui-même sept enfants de deux mariages, dont la plus jeune, Bridget, adoptée au Bangladesh peu après sa naissance, a aujourd'hui 16 ans.

Si leur père est élu, ces filles feraient face à des défis peu courants pour des enfants de leur âge. Une faute de goût vestimentaire, les premières bagues aux dents, même leur premier petit ami, rien ne passerait inaperçu. Le choix de leur école, publique ou privée, deviendrait un sujet de débat, et aucune ne serait à l'abri des commentaires de la presse ou des satiristes, particulièrement durs à avaler à cet âge. Dans un sketch à la télévision, Mike Myers avait par exemple estimé que Chelsea, fille de Bill et Hillary Clinton, n'était pas «une beauté». Devant l'indignation de ses parents, l'acteur et comique avait présenté ses excuses.

D'un autre côté, être aussi proche du président des États-Unis et vivre où il travaille, c'est aussi prendre place au premier rang devant le spectacle de l'Histoire.

«Bien sûr, peut-être que j'aurais quelques fois voulu que mon père soit un simple membre du Congrès», a confié à l'Associated Press Susan Ford Bales, fille de Gerald Ford et aujourd'hui présidente de du Centre Betty Ford. «Mais en fait, je n'échangerais ça pour rien au monde. Les voyages, les rencontres. Des stars de cinéma aux chefs d'État. Je me disais: 'Oh mon Dieu, regarde qui tu es en train de rencontrer!'«.

Son conseil au prochain président: rester proche de ses enfants, et surtout rester à leur disposition. En ce qui la concerne, elle pouvait interrompre son père n'importe quand. Un jour, elle a fait irruption alors que Gerald Ford recevait le secrétaire d'État Henry Kissinger. «Je suis rentrée, et j'ai dis: 'Bonjour monsieur le secrétaire. Papa, j'ai besoin de mon argent de poche, et maman n'a pas de liquide». Et le président des États-Unis s'est exécuté.

Evidemment, un souci majeur est la sécurité des «first children». Susan Ford était surveillée par le Secret service après avoir reçu des menaces, mais avait quand même réussi à quitter la Maison-Blanche en voiture alors que le portail s'ouvrait pour sa mère: «Tout le monde essaie. Ca devient un défi, et vous voulez y arriver».

De son côté, une des jumelles de l'actuel président George W. Bush, Jenna, avait échappé à la vigilance des gardes du corps pour aller boire un coup alors qu'elle n'avait pas 21 ans, la limite d'âge légale.

Jackie Kennedy, elle, était tellement préoccupée de la sécurité de John Jr et Caroline qu'elle avait fait installer la maternelle à la Maison-Blanche, explique Doug Wead, auteur de «All the President's Children».

Interrogée récemment sur ce que la vie de ses filles serait, l'épouse de M. Obama, Michelle, a assuré qu'elle essaie de «ne pas en être obsédée, car nous avons beaucoup de travail avant que cela devienne réalité».

Reste à savoir si Malia et Sasha deviendraient les héritières d'une riche tradition de farceurs. Tad Lincoln, fils d'Abraham, avait attaché deux chèvres à une chaise, et était entré avec fracas à la tête de cet équipage dans une pièce que sa mère faisait visiter...

Le jeune fils de Theodore Roosevelt, Quentin, a ruiné une toile irremplaçable d'une ancienne First Lady et a également failli renverser un buste de l'ancien président Martin Van Buren, pesant 175kg. Sa soeur Alice était si turbulente que son père avait déclaré: «J'ai le choix: je peux être président des États-Unis, ou je peux contrôler Alice».

John Kennedy Jr aimait quant à lui beaucoup se cacher dans le meuble de bureau de son père. Tellement qu'un des conseillers du président était contrait de l'exfiltrer avant des réunions importantes. Sa soeur Caroline, elle, n'avait pas sa langue dans sa poche. Interrogée par des journalistes sur ce que faisait son père ce jour-là, elle a répondu: «Eh bien, il est en haut sans chaussures et sans chaussettes, en train de ne rien faire».

Malia Obama pourrait peut-être se prêter à ce jeu-là: Interrogée lors d'un entretien en famille accordé à l'émission télévisée «Access Hollywood», elle a déclaré que son père, comme tous les pères, lui faisait parfois honte, comme lorsqu'il a serré la main d'une de ses amies. «On ne serre pas vraiment la main des enfants», a-t-elle déclaré. «Ont fait coucou ou on dit bonjour, c'est tout». Voilà Barack Obama averti.