«Trop vite, trop gros, trop cher», a résumé le vérificateur général de la Ville de Montréal, Jacques Bergeron, ce matin, lors d'un point de presse pour expliquer les démarches qui l'ont conduit à déposer un rapport dévastateur sur l'octroi du contrat des compteurs d'eau.

Afin d'en arriver à 58 constats plus accablants les uns que les autres, le vérificateur a expliqué qu'il a interrogé 27 personnes, dont Frank Zampino, ancien président du comité exécutif, ainsi que Sammy Forcillo, responsable des infrastructures. De même que Yves Provost, ancien directeur adjoint de la Ville.

Selon M. Bergeron, dont les vérifications se sont échelonnées du mois d'avril à aujourd'hui, l'implantation des compteurs d'eau, en deux phases avec Optimisation du réseau pour réduire les fuites d'eau, était «prématurée et expérimentale.»

Sans blâmer directement les fonctionnaires ou les élus, «ce n'est pas mon mandat», a-t-il précisé, il n'en reste pas moins que plusieurs ratés ont été retracées dans les communications entre les responsables du dossier à l'hôtel de ville.

En juin 2007, a-t-il expliqué, le directeur général de la Ville, Claude Léger, recevait une lettre afin de l'informer des «différents problèmes ayant fait surface suite aux premières rencontres avec les candidats invités et pour mettre en relief l'ampleur monétaire du projet». Mais même si plusieurs cris d'alarme ont été lancés, déplore M. Bergeron, le contrat n'a pas été annulé.

Outre les coûts qui ont monté en flèche de 2007 à aujourd'hui, soit de 150 à 600 millions, le vérificateur note par ailleurs que le service des finances de la Ville de Montréal aurait identifié 15 000 compteurs d'eau dont l'achat était inutile, mais cette analyse n'aurait pas été prise en compte par les responsables du projet. Il déplore aussi le fait que la Ville n'a pas négocié avec le syndicat des cols bleus les tâches faisant partie du devis de performance, ce qui touche, entre autres, la formation des plombiers accrédités pour installer les compteurs d'eau.

Le maire sortant de Montréal, Gérald Tremblay, doit réagir cet après-midi en point de presse aux conclusions du rapport. Une partie de l'information recueillie par le vérificateur a été acheminée à la Sûreté du Québec, qui mène une enquête sur les dessous de cette affaire, notamment au sujet d'une collusion possible. Les dirigeants des cols bleus et cols blancs prévoient eux aussi réagir plus tard cet après-midi.