Deux films allemands font partie de la compétition du FFM, cette année. On a vu le premier, La femme de chambre, au début de la semaine. Le deuxième, La maison d'été, a été présenté hier. Les deux portent sur la déviance sexuelle. Est-ce que ça se soigne, docteur?

J'ai posé la question à Curtis Burz, celui qui a réalisé La maison d'été et qui est psy à ses heures - ou plutôt est-ce le contraire ? Curtis Burz est avant tout psy, et cinéaste le reste du temps. Mais il ne comprenait pas pourquoi je montrais l'Allemagne du doigt. D'après lui, la déviance sexuelle existe partout. La pédophilie aussi. Je veux bien. Mais pourquoi les Allemands semblent-ils plus obsédés par la question ? Mystère.

La maison d'été se passe à Berlin aujourd'hui, entre un magnifique loft d'architecte et un jardin communautaire où les Berlinois en moyens louent un lotissement et peuvent y construire un gazebo.

La rumeur populaire veut d'ailleurs qu'il se passe des choses pas toujours très catholiques dans les gazebos privés. Le film le démontre assez clairement.

La maison d'été n'est pas le premier film qui traite de pédophilie. Je pense notamment au magnifique Little Children, de Todd Field, avec Kate Winslet, un film dérangeant mais tout en subtilité et en non-dits. La subtilité n'est pas exactement la force de La maison d'été, qui raconte l'histoire d'un architecte marié et père d'une petite fille qui s'éprend du fils de 12 ans de son associé et l'entraîne dans la maison d'été sous de faux prétextes.

Heureusement, il n'y a aucune scène de sexe explicite entre l'homme et le gamin blond. Tout est suggéré, jamais montré. En revanche, le pédophile a dans sa vie d'adulte une sexualité assez débridée, merci. Quand il n'est pas en train de se masturber sur l'internet, il s'envoie en l'air dans des partouzes à quatre avec sa femme dépressive, ou alors il s'échappe chez un jeune homo prêt à lui faire une pipe entre deux cadres de porte. Seul ou avec d'autres.

Mais au lieu de le combler, ses escapades sexuelles le rendent encore plus abject avec sa femme, qui traîne sa face d'enterrement et sa dépression dans tous les recoins de la maison. Pourquoi ne le quitte-t-elle pas? Pourquoi va-t-elle tomber enceinte et s'autoavorter avec un cintre dans son magnifique loft ? Pour sauver les apparences? Ça m'apparaît mince, comme raison.

Je crois sincèrement qu'on peut traiter au cinéma de tous les sujets, absolument tous, déviants ou pas. Ce qui compte, c'est la manière: comment on amène le sujet, comment on le développe, comment on le conclut.

Ce que je retiens de Curtiz Burz (qui a réalisé le film pour 700 euros (1000$) avec un collectif d'acteurs et de techniciens qui le trouvent tellement génial qu'ils travaillent gratuitement pour lui), donc, ce que je retiens de Curtiz Burz, c'est que sa manière n'est pas au point. Au lieu d'y aller délicatement avec un sujet aussi dérangeant, il dessine à très gros traits. Pas comme un cinéaste en pleine maîtrise de ses moyens. Pas comme un cinéaste qui contrôle son langage cinématographique. Comme un psy qui veut faire notre éducation.

Je veux bien qu'on m'éduque, mais j'aime qu'on le fasse avec style et élégance, pas avec de gros sabots mélos.

En conférence de presse, le réalisateur a déclaré que son film avait été refusé dans plusieurs festivals à cause de son sujet explosif. Pas sûre que ce soit la vraie raison. Il a ajouté que le FFM avait été très courageux de retenir son film en compétition officielle. Pas sûre que ce soit du vrai courage.

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LA MÉLODIE DU BONHEUR... MATERNEL

Melody est une jeune blonde dans la vingtaine qui rêve d'avoir son propre salon de coiffure. Le hic, c'est qu'elle n'a pas un sou. Pas même de quoi avoir son propre logement. Que fait une fille dans ce cas-là? Elle devient mère porteuse, quoi d'autre?

C'est le résumé du film belge Melody, du réalisateur Bernard Bellefroid, qui met en vedette deux excellentes actrices peu connues, du moins de ce côté de l'océan: la blonde Lucie Debay et la brune Rachael Blake. Melody va devenir mère porteuse pour une PDG britannique célibataire et en rémission d'un cancer. Elle va même emménager chez elle et, malgré leurs différences sociales et économiques, elles vont finir par avoir un rapport humain assez touchant.

L'histoire est la même que celle de Baby Mama, avec Tina Fey et Amy Poehler, à la différence que Baby Mama était une comédie désopilante alors que Melody est un drame traité avec finesse et sensibilité. Les deux films ont la même fin et, dans les deux cas, la mère porteuse ne fait pas que porter l'enfant. Je ne vous en dis pas plus, mais disons que j'attends encore LE film sur les mères porteuses qui ne ressemblera pas à la Mélodie du bonheur et qui ne se terminera pas comme un conte de fées.