La documentariste Carole Laganière a profité d'une résidence à l'Office national du film pour créer Absences. Ce film personnel, présenté dans le cadre du Festival des films du monde, croise des vies marquées par des pertes fondamentales: celle d'un pays, de ses racines ou d'une soeur. Des blessures que la cinéaste met pudiquement en relation avec sa propre crainte de disparaître de la mémoire de sa mère, atteinte de la maladie d'Alzheimer.

Hôtels

«Je pars généralement d'un thème quand je fais un film», raconte Carole Laganière. Absences est né d'une image: celle d'une chambre d'hôtel, lieu impersonnel où l'on trouve paradoxalement un refuge intime. Où des femmes de ménage effacent ensuite les traces de ces vies, comme les souvenirs qui disparaissent de la mémoire de la mère de la réalisatrice. La chambre d'hôtel, dans Absences, c'est aussi l'endroit où se posent trois personnages en quête d'une personne ou d'une chose perdue.

Pays perdu

Partie en quête de gens qui correspondaient à son schème de départ - explorer le sentiment de perte et la résilience -, Carole Laganière a trouvé Ines et son histoire incroyable. Croate d'origine, la résidante de Québec retrouve après des années d'absence son pays, ses souvenirs d'enfance et une mère qu'elle n'a pas vue depuis près de 20 ans. «Elle a été hébergée dans un hôtel pendant la guerre, elle travaille dans un hôtel, et c'est dans l'hôtel du film qu'elle a vu sa mère pour la dernière fois», énonce la cinéaste, l'air encore étonné de cette accumulation de coïncidences fort à propos pour son projet.

Racines

«Dans tous mes films, je suis à la recherche de l'émotion», explique Carole Laganière. Ines est le personnage le plus à fleur de peau dans Absences. Avec Deni Y. Béchard, l'émotion se double d'une intéressante réflexion sur les racines. L'écrivain né d'un père québécois et d'une mère américaine a en effet longtemps été confronté au silence total de son père gaspésien au sujet de ses origines. «Il réfléchit beaucoup à ce qu'a créé chez lui cette absence de racines, dit la cinéaste. C'est une chose déterminante dans ce qu'il écrit.»

Disparue

Marilyn Bergeron a été vue pour la dernière fois dans la région de Québec, en 2008. Elle n'a pas donné signe de vie depuis. Carole Laganière suit sa soeur, Nathalie, dans son incessante quête pour retrouver la disparue. «C'est une fille d'action, qui vit une grande perte par rapport à une soeur dont elle était très proche», résume la réalisatrice. Carole Laganière songe déjà à approfondir l'histoire de Marilyn dans un prochain film, qui pourrait prendre la forme d'une enquête.

Famille

«Ce qui rejoint tout ce monde-là, c'est l'importance de la famille. À quel point la famille est une chose très forte dont on ne peut se défaire, même si ce n'est pas toujours l'harmonie», estime la documentariste. Carole Laganière l'affirme d'ailleurs à sa manière, en levant le voile sur sa relation avec sa mère à la mémoire défaillante, dans des scènes touchantes, souvent plus comiques que tragiques.

Absences, les 27 (à 14h40) et 28 août (21h30) au cinéma Quartier latin et le 20 septembre à l'Excentris.