(New York) La Bourse de New York a clos mercredi en ordre dispersé après un baromètre d’activité aux États-Unis plus fort que prévu qui a tendu les taux obligataires et ralenti l’élan des actions.

L’indice S&P 500, quasiment stable (+0,08 %), a pu néanmoins afficher, de peu, un nouveau record, le quatrième d’affilée, à 4868,55 points. Le NASDAQ, à dominante technologique, a gagné 0,36 % à 15 481,92 points, mais le Dow Jones a cédé 0,26 % à 37 806,39 points.

Les actions ont d’abord été « stimulées par les gains des valeurs technologiques » dans le sillage de l’action Netflix (+10,70 % à 544,87 dollars), « après que la société a annoncé mardi avoir gagné 13,1 millions d’abonnés au cours des trois derniers mois de 2023 », a souligné Art Hogan, analyste de B. Riley Wealth Management.

« C’est le meilleur trimestre pour le géant du streaming, depuis la pandémie où les gens étaient calfeutrés chez eux », a-t-il souligné.

Après la clôture du marché, Tesla, qui a terminé en repli de 0,63 %, chutait de près de 3 % dans les échanges électroniques d’après clôture à 16 h 20 (heure de l’Est) après la publication de résultats décevants.

Le constructeur de véhicules électriques a annoncé des résultats inférieurs aux attentes du marché au quatrième trimestre, affectés notamment par une baisse du prix moyen de vente.

Il a par ailleurs prévenu que le rythme de croissance des volumes pourrait être « notablement inférieur » pour l’exercice en cours, par rapport à celui enregistré en 2023.

IBM en revanche s’envolait de presque 6 % après la clôture. Le groupe informatique a rapporté une croissance de 4 % de son chiffre d’affaires au quatrième trimestre, dépassant les attentes.

Témoin de l’attraction de la technologie, la capitalisation boursière de Microsoft a dépassé les 3000 milliards de dollars à Wall Street mercredi, le groupe informatique suivant de près son concurrent Apple, première capitalisation en Bourse.

Le titre de Microsoft a grimpé de 0,92 % à 402 dollars, le groupe ayant brièvement dépassé en séance la barre des 3000 milliards de dollars de capitalisation, derrière Apple.

Microsoft et de nombreux groupes technologiques surfent sur l’enthousiasme que fait naître le déploiement de l’intelligence artificielle (IA).  

L’élan des indices s’est ensuite atténué au fil de la séance après la parution des baromètres d’activité S&P PMI qui sont ressortis plus dynamiques que prévu que ce soit pour le secteur manufacturier ou celui des services.

Selon ces indicateurs, l’activité manufacturière a nettement accéléré repassant en zone d’expansion à 50,3 contre 47,9 en décembre. Quant aux services, ils voient aussi l’activité croître à 52,9 contre 51,4 le mois d’avant.

Ces bons chiffres ont provoqué un renversement dans la trajectoire des rendements obligataires. Ceux-ci qui étaient en baisse en matinée, favorisant les actions, ont repris le chemin de la hausse. Ainsi le taux à dix ans est passé à 4,17 % au lieu de 4,12 % la veille.

« Les actions descendent un peu de leurs sommets, car à court terme le marché semble un peu suracheté. En outre, la montée des rendements obligataires n’aide pas », a commenté Karl Haeling de LBBW.

Selon lui, la vitalité de l’économie américaine semble faire rejouer le même scénario que l’année passée. « La même tendance continue où l’on voit une croissance économique plus forte que prévu sans que le ralentissement attendu ne se produise ».

« Globalement, c’est plutôt favorable aux actions, car cela donne l’espoir d’un atterrissage en douceur, qui est un des facteurs principaux de la tenue du marché associé au leadership des actions de la technologie », a ajouté l’analyste interrogé par l’AFP.

La compagnie de télécommunications AT & T a cédé presque 3 % après avoir ajusté à la baisse ses prévisions de résultats pour 2024. Fin 2023, la compagnie a pourtant vu croître le nombre de ses abonnés au téléphone mobile.

Le papetier et groupe de produits d’hygiène Kimberly Clark a été sanctionné (-5,53 %).  

Le groupe a publié des résultats en dessous des attentes au quatrième trimestre, affecté par des taux de change défavorables et malgré des ventes plus élevées qu’anticipé.  

Toronto fait du surplace

La Bourse de Toronto a terminé la séance de mercredi en surplace après la décision de la Banque du Canada. Les marchés américains, pour leur part, ont terminé en ordre dispersé.

L’indice composé S&P/TSX du parquet torontois a clôturé en baisse de 8,81 points, ou 0,04 %, à 21 025,78 points.

Les marchés restent optimistes quant à l’assouplissement de la politique monétaire et aux éventuelles réductions des taux d’intérêt, a déclaré Ilana Schonwetter, conseillère en investissement et gestionnaire de portefeuille chez Blueshore Financial.

« La grande progression que nous avons observée sur les marchés depuis novembre repose sur l’attente d’un tournant dans la politique de la banque centrale vers un assouplissement des conditions financières et des baisses de taux à l’horizon. »

Les attentes du marché en matière de baisses de taux restent toutefois trop élevées, estime la gestionnaire de portefeuille. « Je pense, en particulier aux États-Unis, que le marché pourrait être un peu trop optimiste quant au nombre de réductions de taux attendues. »

Les banques centrales ne veulent pas réduire leurs taux d’intérêt trop rapidement ou trop bas, au risque de relancer l’inflation, souligne Mme Schonwetter. « Elles seront plutôt prudentes en ce qui concerne l’assouplissement monétaire, et elles le feront en surveillant réellement toutes les données nouvelles. »

Cette prudence était évidente mercredi lors de l’annonce des taux de la Banque du Canada. La banque centrale a maintenu son taux directeur, sans surprise, mais a présenté un discours différent.

Les dirigeants de la banque ne se demandent plus tellement si le taux directeur est suffisamment restrictif pour restaurer la stabilité des prix : ils s’interrogent plutôt sur « la durée pendant laquelle les taux doivent rester au niveau actuel », a indiqué le gouverneur Tiff Macklem.

Toutefois, des hausses pourraient encore avoir lieu si l’inflation reprend de la vigueur, a-t-il prévenu.

La Banque du Canada se trouve dans une situation difficile, croit Mme Schonwetter, alors que l’économie et la consommation se sont considérablement affaiblies sous le poids des taux d’intérêt plus élevés, ce qui contraste fortement avec la situation aux États-Unis.

Si les taux restent élevés trop longtemps, le Canada risque de sombrer dans la récession — mais si on s’éloigne trop de la Réserve fédérale (Fed) aux États-Unis en réduisant les taux, l’inflation pourrait repartir, alimentée par la pression sur le dollar canadien, explique Mme Schonwetter. « Ils sont vraiment pris entre l’arbre et l’écorce. »

Sur le marché des devises, le dollar canadien s’échangeait à 74,16 cents US, en baisse, par rapport à celui de 74,19 cents US mardi.

À la Bourse des matières premières de New York, le cours du pétrole brut s’est apprécié de 72 cents US à 75,09 $ US le baril, pendant que celui du gaz naturel est monté de 10 cents US à 2,26 $ US le million de BTU.

Le prix de l’or était en baisse de 9,80 $ US à 2016,00 $ US l’once et celui du cuivre était en hausse de 9 cents US à 3,89 $ US la livre.

– La Presse Canadienne avec des informations de Nojoud Al Mallees et de l’Associated Press