(New York) Le dollar a poursuivi son sursaut vendredi, soutenu par des propos offensifs d’une membre de la Réserve fédérale (Fed), tandis que l’euro pâtissait de doutes sur la capacité de la BCE à durcir encore sa politique monétaire.

À 17 h (heure de l’Est), le billet vert prenait 0,61 % face à la monnaie unique européenne, à 1,0849 dollar pour un euro, au plus haut depuis plus d’un mois.

La gouverneure de la Fed Michelle Bowman a estimé, vendredi, que si l’inflation restait élevée aux États-Unis et le marché du travail « tendu », la poursuite du resserrement monétaire « serait appropriée » pour juguler la flambée des prix.

Selon la banquière centrale, les derniers indicateurs n’ont pas apporté de « preuves durables » du fait que « l’inflation (était) sur une pente descendante ».

Les opérateurs ont recalibré leurs projections et attribuent désormais une probabilité non négligeable (22 %) à une nouvelle hausse de taux lors de la prochaine réunion de la Fed, les 13 et 14 juin, une hypothèse ultra-minoritaire il y a un mois.

À l’appui des inquiétudes de la gouverneure Bowman, l’enquête mensuelle de l’Université du Michigan sur le moral des consommateurs américains a révélé qu’ils avaient revu à la hausse leurs anticipations d’inflation à horizon de deux ans, à 3,2 % contre 3,0 % en avril, soit le plus haut niveau pour cet indicateur depuis 2011.

Selon Brad Bechtel, de Jefferies, une partie des opérateurs qui avaient parié massivement sur l’appréciation de l’euro face au dollar se sont désengagés, après des données « un peu plus molles que prévu en zone euro ».

Allemagne et Italie ont notamment publié, cette semaine, des données d’activité industrielle sensiblement en deçà des attentes pour mars.

L’idée fait son chemin que la Banque centrale européenne (BCE) « ne sera pas en mesure d’aller aussi loin (en matière de resserrement monétaire) qu’elle le pensait », a expliqué l’analyste.

Pour Brad Bechtel, le « greenback », l’un des surnoms du dollar, profitait aussi de son statut de valeur refuge dans un contexte d’incertitude autour du secteur bancaire américain et de la crise du plafond de la dette, un mouvement contre-intuitif, car ces deux dossiers menacent surtout les États-Unis.