Si vous avez investi dans des actions pendant ce marché baissier, vous avez probablement connu une année difficile. Le marché obligataire a lui aussi été affreux. Il y a eu peu de points positifs pour les investisseurs.

Pourtant, il y a un signe positif en ce moment : le calendrier.

Avec une constance surprenante au cours des 100 dernières années environ, les actions ont suivi une tendance générale qui coïncide avec les mandats présidentiels. Les mois précédant les élections de mi-mandat ont généralement été les pires de ce que l’on appelle le cycle quadriennal des élections présidentielles. Mais le marché boursier est sur le point d’entrer dans une période faste. Les actions se sont généralement redressées l’année suivant les élections de mi-mandat, quel que soit le camp vainqueur.

Les vétérans du marché prennent ces tendances au sérieux, mais ne comptent pas sur elles dans une économie en proie à une inflation galopante, à une hausse des taux d’intérêt et à la crainte d’une récession.

« Nous avons étudié attentivement le cycle présidentiel, et il y a quelque chose à en tirer », a indiqué Philip Orlando, stratège en chef du marché des actions pour Federated Hermes, gestionnaire d’actifs mondial établi à Pittsburgh. « Mais il est possible que cette année, nous devions invoquer les quatre mots les plus dangereux du lexique des investisseurs : ‟Cette fois, c’est différent.” »

La morosité des marchés

Considérons, tout d’abord, le pessimisme général des marchés.

Dans le climat actuel, ce commentaire de Mark Hackett, responsable de la recherche sur les investissements chez Nationwide, est plutôt optimiste. « Nous entrons maintenant dans une phase où tous les signes indiquent une récession — en supposant que nous n’y soyons pas déjà », a affirmé M. Hackett. Mais, a-t-il ajouté, « la récession est peut-être déjà prise en compte par les marchés, auquel cas la prochaine hausse pourrait être plus rapide et se produire plus tôt que prévu par de nombreux investisseurs. »

Les derniers chiffres du gouvernement montrent que l’économie a progressé à un taux annuel de 2,6 % au troisième trimestre. Mais la Réserve fédérale (Fed) a déclaré que les taux d’intérêt devaient augmenter et rester élevés jusqu’à ce que les chiffres de l’inflation diminuent. Le resserrement monétaire de la Fed vise à ralentir l’économie américaine. On ne sait pas encore si les conséquences pour les travailleurs seront légères ou brutales.

Entre-temps, la pandémie de coronavirus s’envenime, le nombre de victimes de la guerre en Ukraine s’accroît, les taux d’intérêt augmentent partout dans le monde, les coûts énergétiques mondiaux restent élevés et les relations entre les États-Unis et la Chine se dégradent. Toutes ces préoccupations pèsent sur les marchés.

Le cycle présidentiel

Le parti du président en exercice a tendance à perdre des sièges au Congrès aux élections de mi-mandat, et une inflation élevée aggrave la situation des titulaires. Telles sont les principales conclusions de Ray Fair, économiste à Yale, dont le modèle électoral de longue date repose uniquement sur des facteurs économiques et montre que le Parti démocrate est en difficulté cette année.

Son modèle, ainsi que les sondages, les marchés de prédiction et de nombreux prévisionnistes, suggère que les républicains sont susceptibles de prendre le contrôle de la Chambre des représentants. Le Sénat est en jeu.

Les enjeux de ces élections sont énormes, et les grandes différences entre les deux partis politiques sont bien connues.

Pourtant, pour le marché boursier, l’histoire suggère que le résultat des élections pourrait ne pas avoir beaucoup d’importance.

Aussi choquant que cela puisse être, depuis 1950, les élections de mi-mandat ont entraîné une hausse des actions, quel que soit le parti vainqueur et quels que soient les enjeux.

Le marché a généralement fléchi dans les mois précédant les élections de mi-mandat et a prospéré après. Et il a souvent excellé dans l’année qui a suivi les élections de mi-mandat, généralement la meilleure du cycle présidentiel de quatre ans.

Ned Davis Research, une société indépendante de recherche sur les investissements, a comparé les rendements boursiers de 1948 à 2021, ventilés selon les quatre années d’un mandat présidentiel standard. Elle a utilisé le S&P 500 et un indice précédent :

  • 12,9 % pour l’année 1 ;
  • 6,2 % pour l’année 2, l’année des élections de mi-mandat ;
  • 16,7 % pour l’année 3, l’année après les élections de mi-mandat ;
  • 7,3 % pour l’année 4.

S’agit-il d’une exception ?

Deux facteurs puissants — l’effet négatif d’un ralentissement de l’économie et l’influence bénéfique des élections de mi-mandat — pourraient être en conflit, a indiqué Ed Clissold, stratège américain en chef de Ned Davis Research, dans une interview.

Du côté positif pour les actions, Wall Street réagit généralement bien à l’impasse — l’immobilisme qui peut s’emparer de Washington lorsque le pouvoir est divisé —, et une telle division est la prévision consensuelle pour les élections de mi-mandat. Mais, au cours du siècle dernier, lorsque les marchés baissiers ont été associés à des récessions, aucun marché baissier ne s’est jamais terminé avant le début d’une récession, a constaté M. Clissold. La dernière fois qu’une récession a eu lieu l’année suivant les élections de mi-mandat, c’était après les élections de 1930, pendant la Grande Dépression, une période terrible pour les actions et l’économie.

« On s’attendrait à ce qu’une récession soit plus importante que le cycle électoral », a-t-il déclaré.

Discipline

Il existe de nombreuses façons de faire des paris sur des résultats électoraux spécifiques, bien qu’elles comportent des risques que je ne favorise pas.

Les paris tactiques sur les résultats électoraux ou économiques ne sont pas fiables. C’est pourquoi ce qui me paraît logique, indépendamment de l’avenir immédiat, c’est d’investir à long terme dans des actions et des obligations diversifiées en utilisant des fonds indiciels peu coûteux qui suivent l’ensemble du marché.

Cette approche exige une main ferme, un horizon d’au moins dix ans et suffisamment d’argent pour payer les factures sans problème.

À court terme, essayez de renforcer votre portefeuille et d’accumuler des liquidités afin de pouvoir faire face à tout résultat économique ou électoral.

Mon seul conseil politique spécifique dans cette colonne financière est le suivant : faites entendre votre voix. Quel que soit le comportement du marché boursier, il s’agit d’élections importantes.

Votez.

Cet article a été initialement publié dans le New York Times.

Lisez l’article original (en anglais)