(New York) Les Bourses mondiales ont reculé mercredi, un mouvement amplifié par la publication des chiffres plus élevés qu’attendus de l’inflation aux États-Unis, qui présagent d’un tour de vis brutal de la banque centrale américaine (Fed).

Les Bourses européennes ont terminé en baisse après être passées sous la barre des 2 % au cours de la séance : Francfort a reculé de 1,16 %, Paris de 0,73 % et Milan de 0,93 %. Londres a perdu 0,74 %.

À Wall Street, le Dow Jones a perdu 0,67 %, l’indice NASDAQ, à forte composition technologique, a lâché 0,15 %, et l’indice élargi S&P 500, 0,45 %.

Très attendu, l’indice des prix à la consommation (CPI) américain a flambé en juin à 9,1 % sur un an, au-dessus des 8,8 % anticipés. Sur un mois, la hausse des prix s’élève à 1,3 % en juin, contre 1,0 % en mai.

« Ces chiffres viennent de repousser le pic de l’inflation aux yeux des investisseurs et les poussent à maintenir une attitude attentiste », explique Gilles Guibout, responsable actions européennes chez Axa IM, selon qui la crainte de la récession va croître.  

Le chiffre « est laid, il n’y a pas à tortiller », a commenté Cliff Hodge, de Conerstone Wealth. « La Fed n’a pas le choix et se montrer plus agressive encore, ce qui augmente la probabilité d’une récession l’an prochain. »

Au fil de la séance, le scénario d’une hausse de taux d’un point lors de la prochaine réunion du Comité monétaire de la Fed, fin juillet, a commencé à émerger.

Pour autant, cette hypothèse d’une Fed jouant des muscles comme jamais depuis plus de 30 ans n’a pas fait décrocher Wall Street.

« Actuellement, le marché souhaite que la Fed agisse le plus vite et le plus fort possible », a décrypté Gregori Volokhine, de Meeschaert Financial Services.

Pour l’heure, selon lui, « le seul risque pour l’économie, c’est l’inflation. Que ça casse la consommation en coupant le pouvoir d’achat ».

Pour lutter contre l’inflation, qui est « plus élevée et persistante qu’elle le prévoyait », la Banque centrale du Canada a pour sa part relevé mercredi son taux directeur de 1,5 % à 2,5 %.

En Europe, les premières estimations de l’inflation en juin ont été confirmées en France (5,8 %) et en Allemagne (7,6 %).

Du côté des devises, l’euro – plombé par les perspectives moroses de l’économie européenne, avec la possibilité d’un arrêt des approvisionnements de gaz russe – a plongé mercredi sous le seuil symbolique d’un dollar, qui n’avait plus été franchi depuis décembre 2002.

Vers 20 h 50 GMT, il remontait tout de même à 1,0058 dollar.

« Si l’inflation se confirme, la Banque centrale européenne va être obligée de remonter ses taux », permettant à terme une remontée de l’euro, a estimé M. Guibout, alors que l’institution a mené jusqu’ici une politique bien moins volontariste que la Fed.

Dans un contexte particulièrement sombre pour l’Europe, le géant gazier russe Gazprom a agité mercredi la menace d’une coupure prolongée de l’approvisionnement. Le groupe a affirmé ne pas pouvoir garantir le bon fonctionnement du gazoduc Nord Stream, arrêté pour maintenance durant dix jours.

Le pétrole sous tension

La surprise du CPI est, en grande partie, liée à l’explosion des prix de l’essence, qui ont grimpé de 11,2 % en juin sur un an.

Le président américain Joe Biden a déploré des chiffres de l’inflation « trop élevés » et « obsolètes » dans un communiqué, expliquant qu’ils ne prennent pas en compte la décrue du prix de l’essence intervenue depuis la mi-juin.

Les cours du pétrole se sont stabilisés mercredi, au lendemain d’une chute, sur un marché toujours prisonnier d’une offre insuffisante et qui n’attend pas de soulagement du déplacement du président américain au Moyen-Orient.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre a grappillé 0,08 %, pour clôturer à 99,57 dollars.

Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, avec échéance en août, a terminé en hausse de 0,47 %, à 96,30 dollars.

Le bitcoin gagnait 1,14 % à 19 657 dollars.