Twitter, entreprise de peu de mots, a choisi des termes bien raisonnables pour son premier appel public à l'épargne (PAPE). Pas question, pour le microblogueur qui s'adresse sensiblement au même bassin d'investisseurs que Facebook, de rééditer le fiasco boursier du grand réseau social.

La société de San Francisco qui signe l'opération financière la plus attendue de l'année projette d'émettre ses parts à escompte, soit à 20$ ou moins chacune, comparativement à son évaluation de 20,52$ US du début du mois de septembre. Cela porte sa valeur à 11 milliards US, sept fois moins que les 81 milliards auxquels prétendait l'ami Facebook lors de son propre PAPE, l'an dernier.

Loin d'inonder le marché, Twitter limite l'offre à 70 millions d'actions plus une rallonge de 10 millions si la demande est forte. Cela crée une rareté qui devrait vite se ressentir sur son prix en Bourse, tout en assurant la liquidité du titre, soulignent des experts en financement public. Au fait, on trouvera TWTR sur la grande Bourse de New York plutôt que sur le marché électronique NASDAQ, où FB s'était ridiculisé.

On murmure...

Le plus dur pour le président Dick Costolo, ancien acteur d'improvisation, sera d'expliquer aux investisseurs comment il entend faire de l'argent sur le dos des 230 millions d'utilisateurs de Twitter. Car malgré la grande popularité des gazouillis, les bénéfices restent hypothétiques: les neuf premiers mois de l'année ont généré des pertes de 134 millions après des dépenses de 200 millions en recherche et développement.

En outre, si l'oiseau bleu iconique surnommé Larry est bien connu des jeunes internautes, il est moins courant sur le bureau des grands investisseurs et de leurs conseillers, à qui il faudra expliquer tout le potentiel théorique.

La direction de Twitter aura aussi fort à faire pour se présenter comme une entreprise en expansion alors que le taux d'augmentation du nombre de ses utilisateurs ralentit. Selon Mark Mahaney, de RBC Capital, la croissance des comptes Twitter décélère depuis six trimestres. «Les investisseurs vont être encore plus attentifs à la capacité de Twitter d'élargir sa base d'utilisateurs, alors que sa croissance ralentit», indique Rick Summer, analyste chez Morningstar.

Le chiffre d'affaires de l'entreprise lancée en mars 2006 a tout de même doublé à 169 millions au dernier trimestre par rapport à la même période de 2012. À ce rythme, il pourrait atteindre le milliard dès l'année prochaine. Facebook était déjà rentable à ce niveau.

En attendant, cette entrée en Bourse va transformer les actionnaires de la première heure en millionnaires, voire en milliardaires. La participation de l'ex-PDG Evan Williams est ainsi valorisée à 1,1 milliard. Le fondateur de Twitter, Jack Dorsey, se retrouve, quant à lui, avec un capital de 469 millions tandis que la part de Dick Costolo vaut 154 millions.

L'analyste Brian Weiser, de la firme de recherche new-yorkaise Pivotal, énumère plusieurs éléments de risque: Twitter bouffe énormément de capital en développement et pourrait devoir retourner sur le marché. Elle devra aussi financer des acquisitions pour demeurer compétitive sur le marché publicitaire. Le plan d'affaires, avec ses limites, reste d'ailleurs à démontrer. Comme pour Facebook, beaucoup de volatilité attend le titre. S'il connaît une mauvaise performance, les actionnaires initiaux pourraient vendre en masse dès que leurs actions seront débloquées. De plus, les questions de protection de la vie privée reviendront régulièrement hanter l'entreprise.

> 12 septembre: dépôt du dossier d'introduction auprès des autorités boursières américaines.

> 3 octobre: Twitter détaille son projet d'introduction en Bourse et révèle ses états financiers.

> 24 octobre: l'offre est établie à 70 millions d'actions avec une rallonge possible de 10 millions d'actions. La fourchette de prix est établie à 17 à 20$.

> 25 octobre: début de la tournée des investisseurs institutionnels qui devrait durer deux semaines.

> 6 novembre: le prix définitif d'émission devrait être révélé en matinée.

> Entre le 7 et le 15 novembre: inscription à la cote de la Bourse de New York.