La visite semestrielle de Ben Bernanke au Congrès américain a coutume de stimuler les marchés boursiers. Le dernier passage du président de la Réserve fédérale américaine (Fed) n'a pas manqué de rassurer les investisseurs, bien que de manière plus réservée qu'à l'habitude.

Ben Bernanke a réaffirmé hier à Washington que l'état de l'économie américaine, et surtout de l'emploi, justifiait encore une politique monétaire très accommodante, soulignant ne pas avoir de «parcours prédéterminé" pour réduire son soutien à l'économie. Il a en outre insisté sur le fait que la banque centrale, même après avoir cessé d'acheter des obligations du Trésor et des titres hypothécaires sur les marchés financiers, conserverait ces titres à son bilan et en réinvestirait les rendements «pour continuer à influencer à la baisse les taux à long terme».

Wall Street a bien reçu le message. Les grands indices sont demeurés dans le vert toute la séance, hormis une légère et momentanée chute de tension du Dow Jones sur l'heure du dîner. En clôture, le Dow affiche un gain de 19 points, à 15 471, et l'indice élargi S&P 500 ajoute 5 points à 1681. La tension sur les obligations américaines à long terme a aussi relâché.

«La perception plus accommodante de la Fed, couplée à un assouplissement dans le flot de nouvelles économiques, a frappé les taux obligataires et le billet vert», constate la firme new-yorkaise S&P Capital IQ.

Le marché boursier, inquiet de voir les injections de liquidités se tarir, a connu des séances nettement plus agitées ces dernières semaines, tandis que les taux des bons du Trésor américain remontaient. Ben Bernanke a coulé le Dow Jones le 20 juin dernier en évoquant maladroitement la simple idée que l'institution mette un frein à son concours financier énorme à l'économie américaine.

«Il est important que nous communiquions nos projets le mieux possible. Je pense que les marchés commencent à comprendre notre message», a reconnu hier le président de la Fed.

La Réserve fédérale doit répéter ses messages par les temps qui courent, après s'être lié les mains en avançant des seuils numériques précis, constate aussi Sébastien Lavoie, économiste en chef adjoint chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne.

«[Ben] Bernanke a essayé de réparer les dommages qu'il a causés en juin, et je pense qu'il a réussi», a commenté Brian Bethune, professeur d'économie au Gordon College de Wenham, au Massachusetts, en entrevue à l'Associated Press.

Selon lui, la Fed poursuivra son programme d'achat de titres tel quel jusqu'en décembre, faute d'indices d'une reprise économique significative.

«Les indications ne peuvent pas être plus claires», croit pour sa part Paul Dales, de la firme Capital Economics. L'économiste britannique prévoit toujours le ralentissement des achats de titres de la Fed dès le mois prochain et l'abandon complet du programme d'ici le milieu de l'année prochaine, pourvu que la reprise économique soit au rendez-vous.

Des visites marquantes

Le Wall Street Journal a figuré que les 15 dernières apparitions de Ben Bernanke devant la Commission des services financiers de la Chambre des représentants pour son bilan semestriel avaient été positives pour le marché dans une proportion de 80%.

Au total, M. Bernanke s'est présenté devant le Congrès à 61 occasions, incluant la présentation d'hier, que ce soit pour d'autres bilans de parcours, pour présenter ses prévisions économiques ou pour défendre le sauvetage de grandes institutions financières américaines en péril. Celles-ci se sont avérées aussi souvent négatives que positives pour les marchés.

L'indice global de la Bourse de New York avait notamment bondi de 2,9% le 25 février 2009 quand M. Bernanke avait affirmé au Congrès, lors d'un autre rapport d'étape, qu'il entrevoyait la «perspective raisonnable» d'une fin de la récession de l'économie des États-Unis cette année-là, mais aussi en apaisant les craintes de nationalisation bancaire.

Son passage devant la Commission des services financiers en février dernier pour un autre bilan semestriel avait aussi vu une poussée de 1,9% de l'indice S&P 500. Les marchés de New York avaient trouvé un certain appui dans les commentaires du président de la banque centrale qui a signalé que ses efforts pour garder les coûts de l'emprunt à leur faible niveau se poursuivraient et que les risques d'inflation étaient contenus pour l'instant.