Le Libor, au centre d'un vaste scandale de manipulation qui a ébranlé la City, va passer sous la responsabilité de NYSE Euronext, qui aura la lourde tâche de restaurer la crédibilité de ce taux interbancaire central dans le monde de la finance.

Après un appel d'offres, le comité indépendant présidé par la baronne Hogg et chargé par les autorités britanniques de trouver un nouveau responsable pour le Libor a annoncé mardi avoir choisi l'opérateur boursier transatlantique, qui détient notamment les Bourses de New York et de Paris.

Le comité «a annoncé que l'association des banquiers britanniques (BBA)», qui gère actuellement le Libor, «avait accepté sa recommandation de faire de NYSE Euronext Rate Administration Limited (filiale de NYSE Euronext) le nouvel administrateur du Libor», selon un communiqué publié par le Trésor britannique.

Les autorités britanniques avaient décidé l'an dernier de confier le Libor à une nouvelle organisation, la BBA ayant «échoué», selon elles.

«La nomination d'un nouvel administrateur est un pas en avant majeur dans la réforme du Libor», a indiqué la commission Hogg, qui estime que l'opérateur boursier était «le mieux placé» parmi les candidats pour «restaurer la crédibilité internationale» du Libor.

Martin Wheatley, patron du gendarme britannique du secteur financier FCA et auteur l'an dernier du rapport sur la réforme du Libor, a jugé pour sa part que le choix de NYSE Euronext était un «pas important pour renforcer l'intégrité» du taux.

Déterminé à réformer un secteur financier qui n'a jamais eu aussi mauvaise réputation, le gouvernement a souligné, par la voix du secrétaire adjoint au Trésor Greg Clark, qu'il avait «travaillé dur pour réformer» ce taux de «référence».

«Pour la première fois, il est régulé et nous avons introduit un nouveau délit de manipulation du Libor», a-t-il ajouté.

Le gouvernement avait déjà apporté lundi son soutien aux conclusions de la commission parlementaire destinées à éviter un nouveau Libor, avec comme mesure-phare l'envoi des banquiers fautifs en prison.

Finbarr Hutcheson, directeur général de NYSE Liffe, a assuré de son côté que NYSE Euronext était «impatient» de «poursuivre le processus de restauration de la crédibilité, de la confiance et de l'intégrité du Libor».

Selon le FT, le London Stock Exchange (LSE), qui détient la Bourse de Londres, figurait parmi les candidats malheureux.

La période de transition, avant que NYSE Euronext ne devienne responsable de la supervision du Libor, «devrait s'achever début 2014», a précisé la commission. L'opérateur boursier doit encore recevoir l'autorisation de la FCA.

Le scandale du Libor avait éclaté il y a un an, lorsque Barclays a révélé qu'elle allait payer 290 millions de livres pour mettre fin à des enquêtes des régulateurs britannique et américain.

La banque suisse UBS et la britannique Royal Bank of Scotland (RBS) ont été également condamnées par la suite tandis que près de vingt autres grandes banques internationales sont dans la ligne de mire des autorités.

Fixé quotidiennement à Londres sur la base de taux communiqués par un panel de banques internationales, le Libor conditionne plus de 300 000 milliards de dollars de produits financiers et a une incidence sur les prêts aux ménages et aux entreprises. Mais les enquêtes ont montré comment les traders au sein des banques manipulaient les taux communiqués au panel afin d'en tirer des profits sur leurs positions ou de faire apparaître leur banque plus solide.

Afin d'éviter que les manipulations ne se reproduisent, la BBA avait annoncé en juin des changements dans les règles de fixation du Libor. Désormais, les banques du panel ne sont plus en mesure de connaître le niveau des taux communiqués par leurs concurrents durant trois mois et ne peuvent donc plus ajuster les leurs en conséquence.

Alors que «la BBA avait été critiquée pour son manque de contrôle sur le scandale du Libor», cette obtention du contrat par NYSE Euronext, «qui gère déjà plusieurs taux de référence», «devrait donc permettre de restaurer la confiance perdue dans le marché des taux», a commenté Ishaq Siddiqi d'ETX Capital.

«Le Libor doit changer» et NYSE Euronext est «le mieux placé pour le faire», l'opérateur boursier ayant la capacité de «moderniser le marché» et «d'amener plus de transparence dans la fixation du taux» afin «d'empêcher de nouvelles tricheries», a jugé le stratégiste.