Le projet d'une première mine de métaux sous-marine prend l'eau.

La société Nautilus Minerals est en dispute avec le gouvernement de Papouasie-Nouvelle-Guinée (PNG), où se trouve le projet, et son partenaire dans la construction du navire de production n'arrive pas à financer sa part.

Dans ce contexte, le titre de Nautilus [[|ticker sym='T.NUS'|]] plonge: il a perdu presque la moitié de sa valeur depuis le début du mois. Jeudi, il a lâché encore 13%, ou 16 cents, à 1,07$.

Nautilus, établie à Vancouver, mais dont le centre des opérations est en Australie, a l'intention de lancer la toute première mine sous-marine de métaux, dans la mer de Bismarck, au large de la Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Le projet Solwara 1 consiste à arracher du fond de la mer, à 1600 mètres de profondeur, des cheminées volcaniques riches en or, mais surtout en cuivre.

Le projet nécessite un investissement de plus de 400 millions de dollars, et pourrait rapporter des revenus annuels de 800 millions pendant les deux ou trois ans de la production. Après quoi l'équipement (navire de production, système de pompage, machinerie minière sous-marine) pourra être déplacé vers un autre gisement.

En vertu d'une entente conclue en mars 2011, le gouvernement de PNG peut acquérir 30% du projet en échange d'un paiement de 24 millions US et d'une contribution de 30% aux coûts de développement futurs. Le gouvernement a exercé son option, mais n'a pas encore versé d'argent, affirmant que Nautilus n'a pas rempli certaines obligations prévues à l'entente. Nautilus réfute ces allégations.

La société a publié un communiqué le 1er juin pour annoncer cette mésentente. Elle n'a pas précisé ce que le gouvernement de PNG lui reprochait exactement, hormis que cela avait à voir avec les «clauses commerciales». La PNG a fait une demande d'arbitrage.

Toujours le 1er juin, Nautilus a indiqué subir des complications dans la construction de la pièce maîtresse du projet, le navire de surface spécifiquement construit pour Nautilus.

Le partenaire de la société minière dans la construction et l'exploitation du bateau, la société maritime allemande Harren&Partner, est incapable de verser la totalité de sa part du financement (91 millions d'euros sur un total de 127 millions).

Nautilus a souligné que cela avait à voir avec le resserrement du crédit bancaire en Europe. C'est donc dire que Nautilus pourrait être appelée à contribuer davantage pour le navire, observe l'analyste Craig Miller, de TD Securities, dans une note de recherche.

Tant la dispute avec le gouvernement de PNG que les problèmes avec la construction du navire pourraient retarder, voire mettre en péril Solwara 1. Nautilus prévoit toujours l'entrée en production au dernier trimestre de 2013. À la fin d'avril, Nautilus estimait avoir réalisé 45% du développement de Solwara 1.

Il reste que les risques augmentent, souligne Craig Miller. Il recommande de conserver le titre, mais abaisse sa cible à 1,50$.

«Même si nous pensons ultimement que la société sera en mesure de résoudre sa dispute avec le gouvernement et financer un plus grand pourcentage du navire, cela aura probablement un coût. C'est pourquoi nous restons prudents sur cette société.»

Selon M. Miller, Nautilus devra encore aller chercher 200 millions de dollars sur les marchés. Or, le fort recul du prix de l'action entraînera une plus forte dilution.

Raymond Goldie, de Salman Partners, voit plutôt le titre de Nautilus comme une aubaine, même s'il s'attend à des délais qui repousseront à 2016 la mise en production. Il utilise une cible de 3,65$.