Les Bourses européennes résistaient mardi à la mi-journée après une nouvelle émission obligataire à haut risque de l'Espagne très attendue par les investisseurs et qui a vu une nouvelle envolée des taux d'emprunts du pays.

Après des ouvertures en légère hausse ou à l'équilibre, les places financières du Vieux continent parvenaient quasiment toutes à se maintenir dans le vert malgré parfois quelques incursions en territoire négatif.

Vers 7h30 (heure de Montréal), Francfort affichait une progression de 0,52%, Paris de 0,30%, Londres de 0,91%, Milan de 1,25%, Madrid s'offrant même un rebond de 1,42%.

L'Espagne a emprunté mardi 3,040 milliards d'euros à 12 et 18 mois, une somme légèrement supérieure à l'objectif initial (2 à 3 milliards) à un taux en forte hausse par rapport à la dernière émission similaire le mois dernier: 5,074% à 12 mois (contre 2,985%) et 5,107% à 18 mois (contre 3,302%).

Seul indice rassurant: la demande des investisseurs reste forte, dépassant les 8 milliards d'euros.

«L'émission était à court terme et donc peu significative sur la capacité du pays à se financer. Mais il est vrai que les échéances à long terme suivent souvent celles portant sur des maturités plus courtes», a commenté Nordine Naam, stratégiste obligataire chez Natixis.

Madrid est à nouveau dans la tourmente, les inquiétudes sur le sauvetage de son secteur bancaire asphyxié par des crédits immobiliers douteux ayant éclipsé sur les marchés le bref soulagement causé par la victoire de la droite pro-européenne aux élections en Grèce dimanche.

Lundi, les taux d'emprunts espagnols à 10 ans ont poursuivi leur envol historique, à plus de 7%, un seuil jugé insoutenable sur la durée, alors que les investisseurs attendent avec anxiété de connaître le montant précis de l'aide accordée par la zone euro à Madrid.

Mardi, ces taux à long terme se détendaient légèrement en fin de matinée tout en restant au-dessus des 7%, à 7,003%.

«Le rendement espagnol devrait se maintenir autour des 7% au moins jusqu'à ce qu'on ait les résultats (d'un premier) audit sur le secteur bancaire ibérique», a souligné M. Naam, stratégiste obligataire chez Natixis.

Cet audit, mené par les cabinets allemand Roland Berger et américain Oliver Wyman, est attendu d'ici jeudi. Il sera essentiel pour déterminer le montant dont ont besoin les banques espagnoles.

De son côté, la Grèce, en pleins pourparlers pour former un gouvernement, a levé mardi 1,3 milliard d'euros en bons du Trésor à trois mois, avec un taux d'intérêt en très légère baisse, de 4,31%.

Cette opération est la première depuis les législatives de dimanche, remportées par la droite pro-austérité mais sans majorité absolue et qui espère boucler rapidement une alliance avec les socialistes, voire la gauche modérée.

Le temps presse et l'agence de notation Standard & Poor's estime qu'il existe toujours une chance sur trois que le pays soit contraint d'abandonner la monnaie unique à l'avenir.

Dans ce contexte de regain de tensions, l'euro parvenait à progresser légèrement face au dollar. Plus tôt ce matin, il valait 1,2614 dollar contre 1,2571 lundi soir.