L'offre du groupe Maple pour l'achat de la Bourse de Toronto (Groupe TMX) peut être intéressante dans une perspective canadienne, elle est toutefois bien vague sur le développement des produits dérivés à Montréal. Sous cet angle, la proposition de la Bourse de Londres est supérieure, estime l'Autorité des marchés financiers du Québec (AMF).

Ces observations sont passées sous le radar, à quelques jours des audiences publiques que doit tenir l'AMF à Montréal pour discuter de la vente de TMX [[|ticker sym='T.X'|]]. Le document de consultation de l'agence réglementaire québécoise soulève bien des questions sur les engagements précis de Maple.

Maple, société formée de 13 investisseurs canadiens, de caisses de retraite comme la Caisse de dépôt, de la Banque Nationale, du Fonds de solidarité et du Mouvement Desjardins notamment, «s'engage à localiser à Montréal le siège social, le bureau de direction, le premier haut dirigeant en importance de Maple (sauf le chef de la direction de Maple) directement responsable et les dirigeants responsables de la gestion et de l'administration», relève l'AMF dans son document mis en ligne il y a quelques jours à peine.

«Toutefois, poursuit-elle, aucun engagement spécifique n'est pris à l'égard de la localisation à Montréal des activités relatives aux opérations de compensation et de règlement.»

Depuis la spécialisation des Bourses au Canada, en 1999, Montréal s'était retrouvée avec le secteur des produits dérivés, une activité en croissance. Quand elle avait voulu mettre la main sur la Bourse de Toronto, la Bourse de Londres avait d'entrée de jeu promis de faire de Montréal le pôle de croissance des produits dérivés, un engagement qu'on ne retrouvait pas dans la proposition de Maple survenue bien plus tard.

«Sous le couvert d'une plus grande offre pour le Canada, force est de constater qu'il y a pas grand-chose pour Montréal là-dedans», résume-t-on dans les coulisses à Québec. La propriété canadienne de Maple l'a mis jusqu'ici à l'abri de bien des questions pointues sur l'avenir de la métropole. L'offre concurrente de London Stock Exchange Group reste plus spécifique sur les retombées pour la métropole.

Le nouveau secteur des dérivés développé par les sommets du G20 donne une place de plus en plus importante aux activités de «compensation», les Bourses assument le risque, un rôle qui a une importance déterminante dans les transactions de produits dérivés qui sont sur de très longues échéances. La croissance des activités de compensation pour les dérivés représente un potentiel très important. D'où l'importance de déterminer, de façon explicite, que Montréal sera le pivot pour ces activités.

Dans son document, l'AMF observe que, «contrairement à ce qui avait été proposé dans le cadre de la transaction avortée entre le Groupe TMX et le London Stock Exchange Group plc, Maple ne propose pas d'engagement spécifique cristallisant l'intention de faire de Montréal le centre d'excellence en dérivés et le pôle d'attraction des activités relatives aux produits dérivés et produits connexes du groupe, incluant les titres à revenu fixe et les produits dérivés hors-cote».

En outre la portée de ses engagements écrits «ne s'étend pas à une Bourse ou une chambre de compensation pour les produits dérivés hors-cote établie en partenariat ou coentreprise avec une autre société ou chambre de compensation étrangère».

Dans sa proposition, Maple annonce que «les acquisitions projetées continueront de répondre aux besoins particuliers des marchés financiers canadiens». Aussi, Maple «affirme également qu'à la suite des acquisitions projetées, le Groupe TMX sera en mesure de s'ériger comme principal marché pour l'inscription et la négociation de titres de sociétés minières, pétrolières et gazières et émergentes mondiales». La société canadienne indique aussi qu'elle «continuera de répondre aux besoins particuliers des petites et moyennes entreprises qui sont le moteur de la croissance continue de l'économie canadienne ainsi qu'à ceux des marchés de dérivés et de l'énergie».