Les Bourses européennes ont connu une journée noire mardi, valeurs bancaires en tête, au lendemain de l'annonce-surprise d'un référendum en Grèce sur le plan de sauvetage européen du pays qui a relancé les craintes sur l'avenir de la zone euro.

La Bourse d'Athènes a chuté de 6,92%, tirée à la baisse par les titres bancaires.

Francfort (-5%), Paris (-5,38%), Madrid (-4,19%), Milan (-6,80%), Londres (-2,21%), Zurich (-2,49%), Lisbonne (-3,68%) ont suivi la même tendance. Les actions qui ont le plus souffert sur la place parisienne ont été la Société Générale (-16,23% à 17,67 euros), BNP Paribas (-13,06% à 28,56 euros) ou encore Crédit Agricole (-12,53 % à 4,96 euros).

«Elles auront besoin d'être recapitalisées c'est inévitable et c'est ce qui inquiète le marché et fait plonger ces valeurs», a indiqué un spécialiste du secteur à Paris.

À Francfort, Commerzbank a représenté pas loin de la moitié des échanges et a dévissé de 9,42% à 1,62 euro, tandis que Deutsche Bank a fait à peine mieux (-7,97% à 27,93 euros).

À Madrid, toutes les valeurs ont fini dans le rouge, les banques essuyant les plus lourdes pertes.

L'annonce faite lundi soir par le premier ministre grec Georges Papandréou de la tenue d'un référendum sur l'accord visant à effacer une partie de la dette publique grecque, une fois l'effet de surprise passé, lui a valu une volée de bois vert.

Les présidents de l'UE, Herman Van Rompuy, et de la Commission européenne, José Manuel Barroso, ont appelé mardi implicitement la Grèce à respecter ses engagements à l'égard de la zone euro.

Les gouvernements espagnol, italien, belge et anglais ont critiqué dans des termes plus ou moins durs cette décision, faisant valoir qu'elle ajoutait à l'instabilité en zone euro.

Le premier ministre grec aura l'occasion dans un premier temps de fournir plus de précisions à son équipe lors d'un conseil ministériel de crise qui devait se tenir vers 16h00 GMT.

Mercredi, c'est avec ses partenaires européens, mais aussi avec le Fonds monétaire international (FMI) qu'il aura l'occasion de s'expliquer. Un dîner de travail est en effet prévu à Cannes, à la veille d'une réunion du G20, avec les dirigeants allemand et français, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, les responsables de l'UE et la directrice générale du FMI.

Les deux dirigeants européens sont «déterminés» à faire appliquer le plan de sauvetage de la Grèce, a annoncé l'Élysée après un entretien téléphonique entre les deux dirigeants. Ils ont aussi souhaité l'adoption d'une «feuille de route» pour assurer l'application de ce plan.

La Banque centrale européenne (BCE), présidée depuis mardi par l'Italien Mario Draghi, a de son côté acheté de la dette italienne et espagnole par crainte d'une contagion de la crise de la dette grecque, ont indiqué des opérateurs de marché.

Quant à l'Institut de la finance internationale (IIF), qui représente les grandes banques du monde, il fait savoir qu'il souhaitait avancer les négociations sur l'effacement d'une partie de la dette grecque.

Un «non» des Grecs au référendum prévu en janvier par leur gouvernement sur le plan européen de désendettement menacerait la «viabilité» de la zone euro, avec un risque de faillite de la Grèce, qui pourrait sortir de la monnaie unique, a prévenu mardi l'agence de notation Fitch.

Le projet grec est «tout sauf un cadeau», a estimé la fédération allemande des banques privées (BdB).

«Que va-t-il se passer si le peuple dit +non+? Le risque est que la communauté internationale coupe l'arrivée d'argent et que le pays finisse par quitter l'euro. Il y a de quoi inquiéter sérieusement les investisseurs», a commenté à Francfort Christoph Weil, analyste de Commerzbank.

Ce référendum «rouvre la boîte de Pandore concernant l'ampleur exacte des pertes qui devront être prises par les institutions financières», soulignent les analystes du CM-CIC.

Les banques ont déjà accepté d'effacer 50% de leurs créances sur la Grèce dans le cadre du plan anti-crise mis en place très difficilement la semaine dernière au sommet européen de Bruxelles.

L'accord européen est critiqué en Grèce pour l'abandon de souveraineté qu'il implique.

Désormais tout est à nouveau sur la table, note-t-on dans les salles de marché.

«Le risque d'une faillite à la Lehman (Brothers) a encore grandi», a estimé Holger Schmieding, économiste de la banque Berenberg.

Signe de l'angoise des investisseurs, l'écart entre le taux des obligations à 10 ans de l'Allemagne et la France a atteint un nouveau record depuis la création de la zone euro mardi en début d'après-midi.

Sur ce marché, l'envolée la plus spectaculaire concernait l'Italie dont le rendement était à 6,181%, proche de son plus haut historique (+6,397%).

Les CDS (credit default swaps), contrats d'assurance contre le défaut de remboursement, progressaient pour la grande majorité des pays, États-Unis et Allemagne compris.