La lutte est engagée entre les chasseurs d'aubaines et ceux qui croient que nous sommes aux prises avec des problèmes encore beaucoup plus sérieux. Ces deux groupes ont réussi depuis deux mois à contenir l'indice américain S&P 500 à l'intérieur d'un corridor bien défini entre 1120 et 1225. Mais il faudra bien que l'un des deux groupes cède tôt ou tard.

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L'indice S&P 500 est entré dans une phase baissière lorsqu'il s'est écroulé de plus de 200 points en moins de deux semaines à la fin du mois de juillet. Depuis ce moment, malgré de fortes variations quotidiennes dans les deux directions, l'indice se maintient toujours au-dessus de son creux atteint le 8 août.

Chaque fois que l'on s'en s'approche, l'indice rebondit vigoureusement. C'est que les chasseurs d'aubaines interviennent, estimant que ce niveau constitue le plancher, explique Ron Meisels, président de Phases&Cycles, une firme de gestion spécialisée en analyse technique. Mais dès qu'une remontée ramène l'indice près de 1225, une nouvelle baisse se produit immanquablement, déclenchée par ceux qui croient que les problèmes économiques sont graves et que la solution n'est pas pour bientôt.

Autant les chasseurs d'aubaines sont réconfortés par le fait que l'indice rebondit chaque fois qu'il touche 1120, autant ceux qui croient que les perspectives économiques demeurent très inquiétantes semblent indélogeables. Lequel des deux groupes finira par céder? Ron Meisels prévoit que ce sera les chasseurs d'aubaines qui pourraient éventuellement souffrir. «L'indice pourrait retourner encore une fois à 1225, et peut-être même juste un peu plus haut, mais vaudra mieux ne pas s'y fier», dit-il. Il faudra beaucoup plus de temps pour réparer les dommages causés aux marchés par une chute aussi brutale que celle de cet été. Entre-temps, le risque est élevé que l'indice atteigne un nouveau bas, selon lui.

Pourquoi tant de volatilité?

Les avis sont très partagés quant aux perspectives économiques mondiales, compte tenu de l'incertitude entourant l'avenir de la zone euro, embourbée qu'elle est à tenter de résoudre la crise des dettes souveraines. On pourrait croire qu'un tel degré d'incertitude devrait inciter les investisseurs à se tenir sur les lignes de côté en attendant d'y voir plus clair. Mais la volatilité des marchés démontre qu'il n'en est rien.

S'il y a tant de volatilité, c'est qu'il y a maintenant beaucoup d'acteurs à court terme, dont entre autres certains hedge funds, explique Jean-Pierre Couture, économiste et stratège chez le gestionnaire Hexavest. Grâce à la rapidité d'exécution que permettent aujourd'hui les systèmes informatisés des Bourses, ces fonds à caractère spéculatif tentent de profiter des mouvements quotidiens des marchés. Des déséquilibres entre le nombre d'acheteurs et de vendeurs se produisent régulièrement et causent des fluctuations importantes.

Bien que les chasseurs d'aubaine semblent avoir établi le plancher pour l'instant, l'économiste préfère se tourner vers des stratégies défensives, craignant lui aussi qu'un nouveau creux guette les marchés. «Les risques sont plus prononcés vers le bas que l'inverse», dit-il.

Point d'inflexion

Sur le plan économique, on s'approche d'un point d'inflexion majeur, mais pour lequel on manque encore de clarté, croit Richard Morin, chef de l'exploitation chez le gestionnaire montréalais Landry Morin. «Quelque chose de fondamental va se produire. Nous retomberons en récession ou nous assisterons à un retour à une croissance économique modérée, mais soutenable», dit-il.

On sait que les Bourses sont des mécanismes d'anticipation. Elles indiquent comment se comportera l'économie dans 6 à 12 mois. À cet égard, l'avenir économique demeure fort incertain, car les fluctuations des deux derniers n'indiquent pas de direction précise.

Richard Morin préfère toutefois demeurer dans le clan des optimistes. «Des plans crédibles pour faire face aux problèmes des dettes souveraines en Europe et du déficit budgétaire aux États-Unis ne manqueraient pas de dynamiser les marchés», suggère-t-il.