Les leçons de 2008-2009 sauveront-elles la mise cette fois-ci?

D'un côté, le risque d'être emporté par une spirale à la baisse des marchés boursiers comme en 2008-2009. De l'autre, l'espoir de récupérer les pertes subies jusqu'à maintenant en 2011. À une semaine de l'arrivée de l'automne, la confusion règne plus que jamais chez les investisseurs. Étant donné l'ampleur des variations quotidiennes, qui peut les blâmer?

On ne peut sûrement pas exclure la possibilité d'une nouvelle spirale à la baisse, concède Stéfane Marion, économiste et stratège en chef à la Financière Banque Nationale. «Une faillite de la Grèce, ou une exclusion de la zone euro, qui s'effectuerait de façon désordonnée pourrait certainement avoir un impact boursier similaire à celui déclenché par la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008», dit-il.

Par ailleurs, l'état actuel des marchés est très différent de ce qu'il était lorsque la crise financière s'est amorcée, à la fin de l'été 2007. La complaisance était alors bien ancrée. L'indice de volatilité VIX qui mesure le niveau de peur chez les investisseurs avait fluctué entre 10 et 20 durant les quatre années précédant la crise financière. Il avait même touché un bas de 9,39 en janvier 2007. «La crise a éclaté alors que les investisseurs faisaient preuve d'une complaisance aveugle», rappelle Ismaël Chiadmi, vice-président principal chez Montrusco Bolton.

Le VIX se situe aujourd'hui à plus de 42. Un niveau de peur aussi élevé indique que les grands investisseurs, tels les caisses de retraite et les hedge funds, sont bien conscients cette fois-ci de l'ampleur des problèmes qui menacent la stabilité économique et financière de l'Europe et de l'Amérique du Nord. On peut croire alors qu'ils ont déjà positionné leurs portefeuilles en conséquence, s'étant éloignés des secteurs plus vulnérables, telles les financières. Ils seront ainsi moins enclins à la panique à l'occasion des prochaines mauvaises nouvelles.

Il en va de même des gouvernements et des banques centrales. Ils connaissent beaucoup mieux aujourd'hui la santé financière des banques, soutient François Dupuis, économiste en chef au Mouvement Desjardins. «Cela rend peu probable un scénario apocalyptique, dit-il.Ce qui pourrait faire très mal aux marchés, c'est ce qui n'est pas anticipé, un événement que l'on n'aperçoit pas encore sur le radar.»

De plus, il est encourageant de constater que, bien que l'appareil politique américain soit devenu dysfonctionnel en raison d'impératifs purement électoraux, les marchés nord-américains tiennent bien le coup depuis un mois. Ils ne sont pas plus bas aujourd'hui qu'ils ne l'étaient après la sévère correction du début du mois d'août.

Pourra-t-on effacer l'encre rouge?

Les Bourses doivent se relever de plus de 8% aux États-Unis et de près de 10% au Canada d'ici la fin de l'année simplement pour que les investisseurs sortent indemnes de cette année marquée par une augmentation sensible de la volatilité des places boursières dans le monde. Est-ce possible?

Si le président Obama réussit à faire accepter son plan de relance de l'emploi et que la Réserve fédérale continue de coopérer, les marchés pourraient regagner le terrain perdu d'ici la fin de l'année, croit François Dupuis. «Mais les données économiques ne doivent pas s'effondrer», prévient-il.

À la Financière Banque Nationale, la cible pour l'indice américain S&P 500 est à 1250, ce qui nous ramènerait au point de départ du début de l'année. Quant au marché canadien, la cible est de 13 000, quelque 500 points de moins qu'en début d'année. «Mais il faudra que s'atténue l'incertitude politique qui mine actuellement les marchés», dit Stéfane Marion.