Les Bourses mondiales dégringolaient à nouveau lundi, apeurées par l'hypothèse de plus en plus ouvertement évoquée d'une faillite de la Grèce en dépit des déclarations apaisantes des responsables européens.

«Le climat est très anxiogène avec des rumeurs très inquiétantes sur les banques, de fortes craintes sur la Grèce et une absence d'annonces des pays du G7 sur la crise actuelle», résume Cyril Régnat, stratégiste obligataire chez Natixis.

Toutes les Bourses européennes s'enfonçaient dans le rouge. La chute a même brièvement dépassé les 5% en début d'après-midi à Paris en raison d'inquiétudes particulières pour les banques françaises, sous la menace d'une dégradation de leur note par l'agence d'évaluation Moody's. Vers 13H35 GMT, peu après l'ouverture, l'indice Dow Jones de la Bourse de New York perdait 1,05%. Après un vendredi noir, les Bourses européennes poursuivaient leurs chutes: Paris dévissait de 4,26%, Londres 2,03%, Francfort 3,03%, Madrid 3,17% et Milan 2,94%.

En Asie, Tokyo a fini en recul de 2,31% et Hong Kong de 4,21%.

Le dossier grec continue d'empoisonner la zone euro et de peser sur les marchés. L'hypothèse d'une faillite de ce pays, voire de sa sortie de la zone euro, ne cesse de gagner du terrain.

Ce week-end, le ministre allemand de l'Économie Philipp Rösler n'a pas exclu une faillite ordonnée de la Grèce pour sauver la monnaie unique, avant que son ministère ne vienne rappeler lundi qu'Athènes avait toute sa place dans la zone euro.

Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso et la chancelière allemande Angela Merkel ont de leur côté tenté de ramener le calme en assurant, dans un communiqué commun à l'issue d'une rencontre à Berlin, que le FESF, dans sa version renforcée, serait opérationnel dès la fin du mois.

Ce Fonds européen de stabilité financière créé l'an dernier, qui porte secours aux pays en difficulté, doit notamment être autorisé à racheter des obligations souveraines sur le marché secondaire.

Michel Barnier, le commissaire européen chargé des marchés financiers, s'est également voulu rassurant, réaffirmant que la zone euro faisait tout pour éviter qu'un pays membre, comme la Grèce, ne soit en situation de défaut de paiement.

Athènes, qui tente désespérément de rassurer ses créanciers, s'est engagé dimanche à prendre des mesures supplémentaires d'économies d'un montant de 2 milliards d'euros en 2011.

La Commission européenne a salué ces annonces et a fait savoir que les bailleurs de fonds du pays réunis au sein d'une Troïka -Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international- allaient retourner dans le pays «dans les prochains jours».

L'atmosphère s'était nettement dégradée depuis le départ inopiné du pays d'une mission de la troïka début septembre.

Les valeurs bancaires, surtout en France, étaient particulièrement chahutées lundi, plombées par leur exposition aux dettes souveraines et par des craintes sur leur solvabilité. En début d'après-midi à Paris, BNP Paribas dévissait de près de 12%, Société Générale et Crédit Agricole de près de 9%.

«Quelque soit le scénario grec et les provisions à passer, les banques françaises ont les moyens d'y faire face», a tenté de rassurer le ministre français de l'Économie et des Finances, François Baroin, réaffirmant un message livré dans la matinée par le gouverneur de la Banque de France Christian Noyer.

«Nous sommes prêts à fournir aux banques les liquidités demandées» en «quantité illimitée» et à «taux fixe» pour la zone euro, a réaffirmé pour sa part le gouverneur de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet, en sa qualité de porte-parole du groupe des principales banques centrales.

La semaine s'annonce cruciale. Mercredi, une réunion d'urgence du FMI doit se tenir sur la Grèce et les ministres des Finances de la zone euro, puis de l'Union européenne se réuniront vendredi et samedi en Pologne pour tenter de boucler le deuxième plan d'aide à la Grèce de près de 160 milliards d'euros, promis au pays le 21 juillet.

Les marchés semblent néanmoins douter des capacités des politiques à se mettre d'accord et donc à reprendre la main face à la crise, notamment après la réunion du G7 de vendredi et samedi dernier, qui n'a débouché sur «aucune mesure concrète», selon un analyste.

Les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales des sept pays les plus riches de la planète (G7) ont simplement promis vendredi à Marseille d'apporter une réponse «forte» et «coordonnée» à la crise, mais sans préciser leur stratégie.

Considéré comme une valeur à risque dans ce contexte, l'euro était fortement malmené: il a touché lundi un plus bas depuis mi-février face au dollar et depuis 10 ans face au yen.

Sur le marché de la dette, les taux des obligations allemandes et américaines, valeurs refuges, étaient à leur plus bas historique.

À l'inverse, les taux d'intérêt se sont envolés lundi lors d'une émission de titres de dette publique en Italie.