Plus de la moitié des 100 plus importantes acquisitions d'entreprises faites au cours de la dernière vague de fusions et d'acquisitions, surtout aux États-Unis, ont quelque chose en commun: elles n'auraient jamais dû avoir lieu.

Ainsi, les actions de 53 entreprises qui ont réalisé les plus importants rachats de 2005 à 2008 accusaient du retard sur leurs pairs de l'industrie deux ans plus tard, selon des données compilées par Bloomberg. Parmi les titres qui ont offert la pire performance, on compte ceux de McClatchy Co., Boston Scientific Corp. et Sprint Nextel Corp., lesquels valent maintenant moins que le prix que ces sociétés ont payé pour leurs acquisitions.

Au cours de la dernière frénésie de fusions et acquisitions, les entreprises ont conclu des marchés d'une valeur de 10 000 milliards US même après plus d'une décennie de recherches montrant que les transactions sont souvent non rentables pour les acheteurs. Le prix moyen des actions des entreprises qui ont fait les plus importantes transactions a accusé un retard d'environ trois points de pourcentage sur les indices de référence.

«À titre de PDG, vous êtes contraint de penser à la croissance, à dépasser les autres, à bâtir la plus grande entreprise et la plus dominante de votre secteur, et cela vous amène à conclure des marchés», explique Alexander Ross, associé de Boston Consulting Group. «Chacun est toujours très convaincu d'être le premier à savoir comment s'y prendre», ajoute-t-il.

Les transactions exécutées pendant un boom financier ont tendance à s'avérer pire que celles réalisées au moment d'un ralentissement, d'après une recherche menée par Roos. Même s'il en est ainsi, le manque d'accès à des liquidités et à du crédit peut amener des entreprises à mettre en suspens des rachats au moment le plus opportun. Le ralentissement économique mondial qui a commencé à la fin de 2007 a coïncidé avec un effondrement du marché des fusions et acquisitions, et le volume annuel de rachats a chuté de plus de la moitié par rapport au sommet, à 1800 milliards US l'an dernier.

«Si vous pouvez acheter à bas prix, vous gagnerez de l'argent», indique Donna Hitscherich, conférencière dans le domaine financier à l'Université Columbia et ancienne banquière spécialiste des fusions et acquisitions. «Mais vous devez avoir le courage de vos convictions», souligne-t-elle.

Selon les données de Bloomberg, Warren Buffett a réalisé l'une des meilleures transactions lorsque sa société, Berkshire Hathaway, a mis la main sur PacifiCorp pour 5,1 milliards US en 2006. Le titre de Berkshire a fait mieux qu'un indice de référence par 35 points de pourcentage, ce qui place le rachat de PacifiCorp au 9e rang parmi les meilleures transactions dans le classement de Bloomberg.

Suez SA, meilleur acquéreur selon le classement de Bloomberg, a vu son titre s'apprécier lorsqu'il est lui aussi devenu la cible d'un rachat.

Par contre, l'acquisition de la chaîne de journaux de Knight Ridder Inc. par McClatchy au prix de 4,1 milliards US en 2006 a été classée la pire des 100 qui figurent sur la liste de Bloomberg et le titre de McClatchy accuse un retard de 93 points de pourcentage sur l'indice Bloomberg Advertising Age AdMarket 50.

Autre marché pas très heureux: la fusion de Sprint avec Nextel au prix de 36 milliards US en 2005 a amené des centaines de milliers de clients de la société à fuir vers des concurrents et l'action de Sprint a été dévaluée de 47 points de pourcentage par rapport aux pairs de l'industrie.