Les participants des marchés boursiers sont sans doute très heureux que nous soyons passés en février.

Le plus court mois de l'année a commencé sur un tempo qu'on souhaite contagieux pour les prochaines séances.

En fait, la correction subie par les grands indices new-yorkais et torontois ne devrait pas inquiéter, estime Stéfane Marion, économiste en chef et stratège à la Financière Banque Nationale.

«Le plus important repli des 12 derniers mois suivant chacune des six dernières récessions (juste avant celle qui vient de se terminer) a atteint en moyenne 13%, mais 8,8% si on exclut 2001», écrit-il dans la dernière livraison du Mensuel boursier, paru hier.

La période 2000-2002 était exceptionnelle, car elle coïncidait à la fois avec la fin du marché baissier engendré par l'éclatement de la technobulle et avec une reprise molle. Celle-ci faisait suite à une faible récession causée par un excès d'investissements entraîné par la phobie du bogue de l'an 2000. De son sommet de 1527,46 enregistré le 24 mars 2000 et qui a été dépassé de peine et misère en octobre 2008 seulement, l'indice phare américain S&P 500 était plongé jusqu'à 800,58, le 4 octobre 2002.

M. Marion juge peu probable la répétition de 2000-2002. Au sommet de ce cycle, les actions se négociaient en moyenne 21 fois les bénéfices prévisionnels, comparativement à 14 fois, ces jours-ci.

La correction de janvier, qui a retranché 6% à l'indice canadien S&P/TSX et 3,5% au S&P 500, n'est d'ailleurs pas la plus forte depuis le creux de mars 2009. En juin, une rectification avait retranché 7,1% en moyenne aux grands indices. Cela ne les a pas empêchés de tout reprendre et bien davantage en seconde moitié d'année.

Une correction survient en général après une poussée trop vive. Les investisseurs sont davantage aux aguets dans le but de protéger leurs profits.

Mauvaises nouvelles

Les nouvelles n'ont pas été bonnes du côté du marché de l'habitation américain, des finances publiques de certains États comme la Grèce ou le Japon, de la robustesse des banques britanniques et des perspectives des banques américaines avec le nouvel ordre du jour politique de Washington.

«La sensibilité aux mauvaises nouvelles va rester élevée ce qui rend peu probable un rapide rebond», opine Andrew Pyle gestionnaire de fortunes, chez Scotia McLeod, dans sa lettre hebdomadaire.

Ce courant de pensée, qui s'appuie sur un modèle de reprise en forme de U plutôt qu'en forme de V, est partagé aussi par la firme Goldman Sachs, du moins en ce qui concerne l'économie américaine.

Selon son économiste en chef, Jan Hatzius, la reprise plus forte que prévu de la croissance, et surtout le rebond de 5,7% du produit intérieur brut (PIB) au quatrième trimestre, s'explique avant tout par le restockage des entreprises et non sur une amélioration sensible de leur chiffre d'affaires. Il s'attend à un ralentissement en milieu d'année et à une croissance d'au mieux 2,0% pour l'ensemble de 2010.

Cela dit, les signes que la reprise est bien ancrée sont pour d'autres garants de bénéfices à la hausse pour la plupart des entreprises au cours des prochains trimestres.

M. Marion note la révision à la hausse des prévisions du Fonds monétaire international de la croissance mondiale cette année (3,1% à 4%). Cela devrait entraîner une augmentation moyenne de 5% du chiffre d'affaires des entreprises qui composent le S&P 500.

Au Canada

Pour les sociétés canadiennes, les prévisions de hausse de bénéfices se situent à 24,3%, comparativement à un repli de 25,8% en 2009.

En outre, la consommation devrait rester soutenue, si on se fie à l'indice de confiance du Conference Board et à l'indicateur avancé de Statistique Canada, tous deux en forte hausse.

Voilà pourquoi il maintient toujours sa prévision d'un S&P/TSX aux environs de 12 700 et d'un S&P 500 à hauteur de 1280 en fin d'année. Les deux indices se situent ces jours-ci aux environs de 11 290 et 1085 points respectivement.