Imposer la pose de gicleurs à toutes les résidences pour personnes âgées équivaut à leur refiler une facture de 80 millions de dollars, indiquent les chiffres colligés par Québec à la suite de la catastrophe de L'Isle-Verte. Le gouvernement Marois penche en faveur d'une enquête publique, mais n'annoncera pas sa décision tout de suite.

Carte interactive des résidences privées pour aînés au Québec

Des sources proches des ministères de la Santé et de la Sécurité publique expliquent qu'il faudra attendre tout au moins que les corps soient récupérés avant de prendre une décision. Québec subit passablement de pression pour procéder à une enquête publique, et cette démarche paraît «assez probable», compte tenu des enjeux - la protection des personnes âgées - et de l'ampleur du drame, explique-t-on. Pas question d'une décision rapide pour le Conseil des ministres aujourd'hui.

Après les enquêteurs, les techniciens en prévention-incendie et le chef du Parti libéral, Philippe Couillard, c'était au tour des chefs en sécurité incendie, hier, de réclamer une enquête publique sur le drame de L'Isle-Verte.

Selon l'Association des chefs en sécurité incendie du Québec (ACSIQ), les enquêtes menées actuellement par la Sûreté du Québec et le Bureau du coroner se concentrent «spécifiquement sur la cause de l'incendie et des décès». Plusieurs questions resteront donc sans réponse, selon l'ACSIQ, dont les «normes entourant la gestion des résidences pour personnes âgées, les normes sur la protection incendie (gicleurs, systèmes d'alarme, personnel de surveillance, etc.), les activités de prévention [...] et, finalement, tous les éléments du schéma de couverture de risques en sécurité incendie de la MRC de Rivière-du-Loup». C'est pourquoi, selon eux, une enquête publique doit être menée.

Pas encore, dit Québec

Hier, le ministre de la Santé, Réjean Hébert, a répété qu'il est trop tôt pour prendre ce genre de décision. Et que la décision devra de toute façon être prise par le ministère de la Sécurité publique.

La Presse a appris que le gouvernement a pris contact avec l'actuel commissaire-enquêteur aux incendies du Québec, Cyrille Delâge, au cours des derniers jours. M. Delâge, qui a le mandat de mener les enquêtes publiques sur les incendies au Québec, est actuellement en congé de maladie.

Le ministre Hébert assure qu'il n'a pas joint M. Delâge et qu'il ne le fera pas. «Ce n'est pas ma responsabilité», dit-il.

M. Hébert a mentionné que l'idée d'une enquête publique sera «probablement» évoquée au Conseil des ministres aujourd'hui. «Comme je le disais, il faut attendre la conclusion de l'enquête policière, parce qu'il faut s'assurer qu'il n'y a pas d'enjeu criminel avant d'avoir une enquête publique. C'est la procédure habituelle», dit-il.

Gicleurs réclamés depuis 1997

Dès 1997, Cyrille Delâge demandait que des gicleurs soient installés dans les résidences pour personnes âgées du Québec. En tant que coroner, M. Delâge disait déjà, à l'époque, qu'il était «quelque peu excédé d'avoir l'impression de prêcher dans le désert» concernant les normes de sécurité incendie.

Après la mort de sept personnes âgées le 31 août 1996 dans l'incendie de la Villa Sainte-Geneviève, à Montréal, l'enquête de M. Delâge avait conclu que des gicleurs auraient permis de sauver la vie de certains résidants.