Compétence Culture Culture au Québec :
les 4 enjeux prioritaires
d’un secteur fragilisé

Déjà fragile, l’écosystème culturel au Québec a été particulièrement affecté durant la pandémie. Les départs ont été nombreux, accentuant une pénurie de main-d’œuvre accompagnée d’une perte d’expertises et de compétences cruciales. Pour surmonter ces défis et proposer des solutions concrètes, plus de 1 500 personnes du milieu culturel se sont mobilisées en 2022 dans une approche inédite de concertation. Ce grand chantier mène aujourd’hui au lancement du Plan d’action pour les ressources humaines en culture 2023-2028. Pleins feux sur les enjeux d’un secteur qui aura plus d’un défi à relever.

1. Améliorer les conditions de travail

Avec un taux d’emploi atypique de 44 % en 2021, la culture demeure le deuxième secteur le plus représenté à cet égard.

Il s’agit du deuxième taux le plus élevé de l’ensemble des secteurs avec l’hébergement et la restauration, et cette situation a des répercussions bien réelles. En effet, un sondage mené auprès d’artistes, d’artisanes, d’artisans, de travailleuses et de travailleurs de la culture révélait que cette précarité place les troubles de santé mentale au sommet des problèmes liés aux conditions de travail, suivi par ceux d’une rémunération concurrentielle et du travail invisible.

Une personne sondée note : « Comme travailleur autonome, on doit accepter tout ce qui passe, parce qu'on ne sait jamais de quoi demain sera fait. On se retrouve donc à prendre plein de projets, pour être certain d'avoir du travail. »

2. Soutenir le filet social

Selon les chiffres officiels, environ 15 % des entreprises en arts, spectacles et loisirs avaient cessé leurs activités durant le deuxième trimestre de 2020, comparativement à 7 % en information et culture et 9 % pour l’ensemble des industries.

Résultat ? Près de la moitié des professionnelles et professionnels du secteur n’ont pas bénéficié de mesures d’aide d’ordre social durant la pandémie. En outre, les travailleuses et travailleurs autonomes ont été deux fois plus affectés que les personnes salariées, la moitié ayant eu recours à des prestations d’urgence.

Selon des personnes consultées, la main-d’œuvre mérite un traitement équitable en matière de salaire, de filet social et de sécurité d’emploi. « La pandémie a mis en lumière cette réalité et a exacerbé le fait que les artistes sont livrés à eux-mêmes. Les gens fuient le domaine », explique l’une des participantes au sondage.

3. Encourager les formations et le développement des compétences

Dans le secteur culturel, la pénurie de main-d'œuvre est majeure. Cette réalité plombe la résilience et la capacité des organisations à rebondir. Les résultats : des pertes de compétences, des délais de formation et de l’épuisement généralisé. En se basant sur le nombre de postes offerts, les indicateurs démontrent que le secteur culturel fait face à une plus forte pénurie de main-d'œuvre qu’avant la pandémie.

Lors des ateliers de réflexion, plusieurs intervenants ont souligné les contraintes en matière de formation continue. Parmi celles-ci, mentionnons le manque de disponibilité (61 %) et de connaissances (47 %) quant à l’offre de formations.

Une personne sondée observe : « Le rythme de travail effréné freine souvent la possibilité d’avoir le temps nécessaire pour suivre une formation. De plus, certains métiers ne sont pas reconnus. »

4. Améliorer l’équité, la diversité et l’inclusion

Le secteur culturel compte 17,9 % de travailleuses et travailleurs issus de l’immigration, contre 16,6 % pour l’ensemble de l’économie et 20,6 % pour le secteur des services.

En matière d’équité, de diversité et d’inclusion dans le secteur culturel, plusieurs problèmes ont retenu l’attention des personnes consultées.

Du nombre, le manque d’équité salariale ou de conditions de travail (84 %), la difficulté pour les organisations de recruter des personnes issues de la diversité (80 %) et les obstacles freinant l’accès aux conseils d’administration et aux postes de pouvoir (78 %) sont au sommet des préoccupations.

Une personne sondée le constate : « C’est très difficile de faire sa place quand on est issu de la diversité. Malgré la pénurie de main-d’œuvre, les personnes de l’immigration formées et qualifiées arrivent rarement à trouver des postes. »

De la réflexion à l’action

L’ampleur de ces défis illustre l’importance de mobiliser les professionnelles et professionnels de la culture. Le Plan d’action pour les ressources humaines en culture 2023-2028 rappelle ainsi le rôle et le caractère uniques de la culture, levier identitaire, économique, social et touristique de premier plan au Québec.

C’est pourquoi Compétence Culture veille depuis 1999 à soutenir le développement et la reconnaissance des artistes, artisanes, artisans, travailleuses et travailleurs de la culture. En menant ce chantier de mobilisation, il concrétise sa volonté de « mieux travailler, créer et vivre dans un milieu en mouvement ».

Découvrir Culture en action