Au même rythme que les survivants d’abus sexuels commis par des religieux brisent le silence, un sombre pan de notre histoire se dévoile. Il reste difficile de brosser avec précision le portrait des abus perpétrés à cette époque où l’Église et ses représentants faisaient la loi dans les paroisses québécoises. C’est l’état des lieux que cherchent à dégager les concepteurs Jean-François Poisson et Sophie Charest dans la nouvelle série documentaire Priez pour nous, présentée sur les ondes de Canal D.

Qu’est-ce qu’un XTRA?

XTRA est une section qui regroupe des contenus promotionnels produits par ou pour des annonceurs.

Longtemps camouflés par l’Église catholique, les sévices infligés par les prêtres pédophiles partout au Québec sont généralement restés impunis pendant des décennies. Alors qu’aujourd’hui, les langues se délient, les démarches entreprises contre les agresseurs se multiplient devant les tribunaux.

À ce jour, plus d’une vingtaine d’actions collectives ont été intentées contre des diocèses et des congrégations religieuses dans la province. Elles sont portées par 2 298 victimes présumées. « On a voulu s’attarder au récit de plusieurs victimes pour faire un portrait plus large et, surtout, nuancé de la situation », mentionne Jean-François Poisson, le réalisateur de la série. Certaines personnes survivantes choisissent d’obtenir réparation au moyen d’un procès civil ou criminel, lorsqu’elles le peuvent, tandis que d’autres gardent le silence.

Jean-François Poisson, réalisateur, Priez pour nous

C’est difficile de connaître l’ampleur du problème. Aux nouvelles, on voit des brèves ici et là sur les procès intentés contre des religieux, mais combien y a-t-il réellement d’agresseurs et de victimes ? On ne le sait pas.

Jean-François Poisson, réalisateur, Priez pour nous

Le silence de la soutane

Sur le terrain, le travail d’enquête des documentaristes s’est étalé sur deux ans. La série suit sept victimes, venant des quatre coins du Québec, qui tentent d’obtenir justice pour les maltraitances subies dans l’enfance. En dénonçant publiquement leur agresseur, en militant en faveur des victimes ou en racontant leur histoire, ces personnes survivantes cheminent, chacune à sa manière, vers une forme de guérison.

Dans les quatre épisodes de 60 minutes chacun, Priez pour nous s’attarde également aux actions qui ont été prises pour faire enfin parler l’Église. Cherchant à montrer toutes les nuances et les zones grises, le réalisateur et son équipe ont voulu entendre le point de vue des membres du clergé et même de prêtres pédophiles. Il faut rester à l’écoute jusqu’au dernier épisode pour constater comment fonctionne l’omerta cléricale… « Nous avons eu l’impression d’expérimenter ce que les victimes nous disaient vivre lors des procès : des délais, des refus, des portes closes », résume le réalisateur.

Suzanne Tremblay, victime

Reprendre le pouvoir

Suzanne Tremblay est l’une des victimes courageuses qui ont accepté de témoigner à la caméra de Jean-François Poisson. Elle l’a fait pour connaître la sérénité et pour transcender l’impuissance qu’elle a ressentie dans l’enfance. « Être seule pour se défendre, confrontée aux menaces et aux intimidations d’un agresseur, on devient fragile. Toute mon enfance a été imprégnée de cette vulnérabilité », dit-elle.

Par sa participation au documentaire, la porte-parole de l'Association des jeunes victimes de l’Église souhaitait aussi que, collectivement, nous prenions conscience de l’étendue des maltraitances commises par les religieux (et religieuses) au Québec. Elle a mené de front la bataille judiciaire contre son agresseur, Paul-André Harvey, qui a fait au moins 120 victimes entre 1962 et 2002. Après 10 ans passés au cœur de ce combat, elle invite les victimes à dénoncer les abus sexuels subis, malgré la peur. « La parole est notre seule défense », conclut-elle.

Nouvelle série documentaire choc
Priez pour nous
Vendredi 21 h, dès le 26 août à Canal D
Premier épisode offert dès le 27 août sur noovo.ca

En savoir plus sur Priez pour nous