Si David Doloreux et Ekaterina Turkina s’entendent sur une chose, c’est bien que l’innovation n’est pas qu’une affaire de métropole, contrairement à ce que laisse croire la focalisation de la littérature scientifique sur les grands centres. Ces deux chercheurs de HEC Montréal scrutent à la loupe les facteurs influant sur le développement économique et l’émergence de l’innovation. Leurs recherches ont des retombées concrètes qui permettent aux décideurs politiques et aux organisations de prendre les bonnes décisions pour l’avenir du Québec.

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David Doloreux l’admet : il suffit de prononcer le mot « innovation » pour que Silicon Valley s’impose à l’esprit. Aux yeux du professeur titulaire qui dirige la Chaire en innovation et développement régional, il peut être tentant de chercher à reproduire le modèle du berceau californien de la haute technologie. Or, ce que l’étude des modèles d’innovation et des dynamiques industrielles dans différents contextes régionaux a révélé, c’est que l’innovation et ses retombées varient d’un territoire à l’autre.

Il est difficile de répliquer les conditions de succès d’une région. On peut s’en inspirer et mieux comprendre les facteurs de succès de Silicon Valley ou d’autres régions gagnantes, mais ils doivent être adaptés aux spécificités de chaque territoire.

David Doloreux, professeur titulaire au Département d’affaires internationales, HEC Montréal

La géographie des choses

Certes, les régions du Québec font face à des défis semblables : l’attraction des talents et des investissements, le besoin d’augmenter la productivité, de stimuler l’entrepreneuriat, l’exportation, la croissance propre et durable, etc. « Ce que l’on remarque, par contre, c’est que chaque région a ses propres conditions de développement et que l’innovation n’est pas liée à un territoire en particulier », souligne David Doloreux. Il cite en exemple la grappe maritime québécoise qui, bien qu’elle soit dotée de pôles plus concentrés comme à Rimouski, dans le Bas-du-Fleuve, s’étend sur un vaste territoire.

Il faut dire que la question du territoire est chère au professeur, qui puise ses racines professionnelles dans la géographie. « Je dis souvent que, en tant que géographe, je suis le mouton noir dans une école de gestion, dit-il en riant. Mais c’est bien aussi de sortir de l’étude de l’entreprise pour s’intéresser à la géographie des choses. »

PHOTO : HEC MONTRÉAL

Ekaterina Turkina, professeure agrégée, HEC Montréal

Comment arrive l’innovation ?

Ekaterina Turkina explore quant à elle l’innovation dans les grandes métropoles et les villes satellites. Plus précisément, elle analyse les liens entre les différents acteurs des écosystèmes d’innovation (entreprises, institutions, entrepreneurs). Ce que ses travaux sur la dimension relationnelle du réseau démontrent bien, c’est que la géographie n’est plus aujourd’hui un principe définitif de l’innovation : « Il suffit de penser aux ponts qui se sont tissés entre Silicon Valley et la grappe technologique au Québec. »

La professeure agrégée et titulaire de la Chaire de recherche en réseaux mondiaux d’innovation a d’ailleurs abondamment étudié la réussite économique et la compétitivité mondiale de Laval. En examinant de près différents réseaux qui constituent le tissu économique de cette ville, l’équipe de recherche est parvenue à déceler deux facteurs de réussite significatifs : la grande diversité des expertises sur ce territoire et les collaborations importantes entre les firmes lavalloises et celles situées dans d’autres régions compétitives.

Au fil de leurs recherches, Ekaterina Turkina et ses collaborateurs ont constaté que la diversité au sein des réseaux régionaux et la connectivité avec d’autres régions innovantes sont particulièrement propices à l’innovation. « L’innovation radicale émerge dans les endroits où les compétences sont complémentaires, et non similaires, illustre la professeure. Comme un cerveau collectif qui se forme, en quelque sorte. »

L’effet tangible de la science

« Nous n’étudions pas l’entreprise comme atome, mais le réseau dans toute sa complexité », précise Ekaterina Turkina. Le terrain de jeu de prédilection de la professeure : les données à grande échelle. La statisticienne de formation – et artiste à ses heures – structure et schématise ces masses de données. Pour les faire parler, pour qu’elles dévoilent leur sens.

Comme bon nombre de chercheurs à HEC Montréal, elle travaille de pair avec l’industrie et les gouvernements. « La science vient nuancer la stratégie de développement de ces partenaires », soutient la professeure. Son équipe et elle sont notamment en mesure, grâce aux cartographies qu’elles dressent, de localiser les trous noirs dans les réseaux.

Nous pouvons voir très distinctement là où les acteurs des réseaux ne sont pas encore liés, et par la suite, favoriser leur maillage.

Ekaterina Turkina, professeure agrégée, HEC Montréal

Un Québec plus performant

Les recherches que mènent David Doloreux et Ekaterina Turkina à HEC Montréal produisent des savoirs utiles aux décideurs. « En matière de développement économique régional, il ne faut pas tomber dans le piège de généraliser les politiques publiques », explique le premier. Autrement dit, les mesures économiques standardisées mur à mur ne seraient pas le meilleur moyen de soutenir l’innovation dans les régions. Le professeur affirme que dans un marché mondialisé, l’innovation est un déterminant important dans la croissance des régions.

Sa consœur abonde dans le même sens. « Si nous pouvons prédire là où l’innovation est la plus susceptible de se produire, nous pouvons la soutenir sur le terrain, assure Ekaterina Turkina. Tout ça pour créer un Québec plus performant. »

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