Même au cœur de la crise de la COVID-19, des activités comme les prises de sang et la surveillance des signes vitaux ne représentent qu’une mince partie du rôle des membres de la profession infirmière. « C’est une vision très biomédicale de la santé », soulève Gabrielle Goyer-Pétrin, infirmière clinicienne aux soins intensifs pédiatriques du Centre hospitalier universitaire (CHU) Sainte-Justine et étudiante à la maîtrise en sciences infirmières à l’Université Laval. « L’infirmière ou l’infirmier voit plutôt la personne dans son entièreté pour offrir des soins globaux », ajoute-t-elle. Afin de souligner la Semaine de la profession infirmière, l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec met en lumière les aspects méconnus de cette expertise.

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L’évolution des sciences infirmières

Les sciences infirmières sont constituées d’un ensemble de connaissances en constante évolution, dont le rythme se trouve accéléré en contexte de pandémie. La profession étudie notamment les interventions infirmières à poser dans une situation donnée; la qualité des soins infirmiers; les méthodes d’accompagnement à la personne soignée, à la famille et à la communauté; ainsi que les pratiques organisationnelles qui favorisent l’expertise infirmière.

« Dans un contexte de soins intensifs, il est également important d’avoir des connaissances cliniques biomédicales pour anticiper les complications possibles dans l’état de santé d’une personne et pour déterminer les interventions infirmières appropriées », indique Gabrielle Goyer-Pétrin.

S’adapter rapidement face à la crise

Même dans les milieux comptant peu de patients symptomatiques, la COVID-19 a une incidence sur l’environnement de travail. Selon les symptômes et les résultats des tests de dépistage, les nouveaux patients admis aux soins intensifs pédiatriques du CHU Sainte-Justine sont répartis dans une zone « froide » (à faible risque) ou « chaude » (à haut risque), aux précautions accrues. « On doit s’adapter à de nouveaux protocoles internes : le matériel est moins facile d’accès, il faut demeurer dans la chambre une fois qu’on y entre et on dépend davantage du soutien de nos collègues », précise Gabrielle Goyer-Pétrin.

Avant d’entrer dans une chambre à risque, l’infirmière ou l’infirmier doit enfiler un habit de protection avec visière et masque, dont l’apparence peut être intimidante pour les jeunes enfants. « On s’assure de demeurer calme, de regarder l’enfant dans les yeux, d’adopter un ton de voix rassurant et de s’adapter à son âge », dit l’infirmière clinicienne.

D’autres membres de la profession se voient déplacés d’un milieu à l’autre et doivent s’adapter rapidement dans des contextes de soins moins familiers qui nécessitent des compétences complètement différentes.

Assurer la continuité

Comme l’infirmière et l’infirmier sont ceux qui sont le plus souvent auprès du patient, ils agissent comme ponts entre les différents professionnels. « Aux soins intensifs, je vois la personne soignée constamment; le moindre changement peut être significatif et demander une intervention rapide », explique Gabrielle Goyer-Pétrin. En contexte de COVID-19, lorsque les intervenants se succèdent pour des cas complexes — pensons au pneumologue, à l’immunologue, à l’inhalothérapeute... —, l’infirmière et l’infirmier demeurent présents pour relayer l’information et assurer la continuité entre les interventions et les différents quarts de travail.

Compétences humaines : une expertise sous-estimée

Est-il inné de savoir comment accompagner une victime de la COVID-19 lors de ses derniers instants ou de rassurer une victime de la route qui conservera des séquelles d’une collision ?

« C’est rarement reconnu comme une expertise, mais la relation soignante est pourtant une compétence qui s’apprend et qui se développe », rappelle l’infirmière clinicienne. Lorsque le contexte apporte une surcharge de travail, ce volet de l’expertise infirmière représente un défi supplémentaire : « On pratique alors les soins prioritaires, mais la partie humaine demeure tout de même importante pour les gens qui vivent une situation difficile. »

La voix du patient

Ce n’est pas un hasard si le mot « personne » est préféré à « patient » : le souci de la dignité humaine et la défense des intérêts des gens à charge sont au cœur de la profession infirmière.

« Quand quelque chose ne nous semble pas acceptable pour cette personne-là, on se porte à sa défense : ça demande du leadership, de savoir s’affirmer », fait remarquer Gabrielle Goyer-Pétrin. « On voit la personne dans sa globalité, au-delà des seuls problèmes de santé physique. »

Contribuer à la santé autrement

Si l’on associe les infirmières et infirmiers surtout aux cliniques, aux hôpitaux et aux interventions directes auprès des patients du réseau de la santé, ces professionnels peuvent néanmoins mettre à profit leur expertise différemment. « Ils sont sensibles à la promotion de la santé et à la prévention des maladies ainsi qu’aux modifications des habitudes de vie, et ils ont l’esprit critique nécessaire pour contribuer à des réflexions sur les politiques de santé », souligne Gabrielle Goyer-Pétrin.

Plein déploiement de l’expertise infirmière

La crise permet de mieux comprendre l’expertise propre à la profession en contexte d’urgence sanitaire. « Les rôles des professionnels en soins auprès des patients ne sont pas interchangeables », explique Luc Mathieu, président de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec. « Comme société, nous n’avons pas les moyens de nous priver de l’expertise infirmière. Et, de fait, la crise de la pandémie met de nouveau en évidence le rôle clé de ces professionnels dans le réseau de santé. Les infirmières et infirmiers sont au cœur des soins prodigués aux patients, et ce, à bien des égards dans tous les milieux de soins. »

Pensons par exemple aux infirmières cliniciennes spécialisées et aux infirmiers cliniciens spécialisés en prévention et contrôle des infections, qui travaillent sans relâche pour contrôler la propagation de la COVID-19 et mettent en place des mesures de protection pour les employés. « En 2020, les pratiques infirmières avancées améliorent l’accessibilité et la qualité des soins, qui favorisent un meilleur accompagnement des personnes. Si toutes les conditions sont réunies pour permettre aux membres de la profession infirmière de déployer pleinement leur expertise, c’est tout le Québec qui y gagne », conclut le président.

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