Le 24 décembre, Éliza Tremblay vivra son premier réveillon avec ses enfants depuis quatre ans. Et elle compte bien fêter en grand ! Cette mère célibataire de 47 ans aura plusieurs autres raisons de célébrer. Un logement tout neuf, des finances assainies et une santé en rémission. « Quand je regarde derrière, je me demande comment j’ai fait. Sans l’amour de mes enfants et l’aide de Chez Doris, je ne serais jamais passée à travers », dit-elle. Récit d’une battante qui revient de loin.

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Il y a des moments dans la vie où tout pète en même temps. Où on atteint un tournant. Pour Éliza Tremblay, c’est arrivé en octobre 2017. « Je fréquentais un homme depuis quelques semaines. Je l’ai quitté et il m’a agressée », raconte-t-elle d’une voix forte au bout du fil. Une commotion cérébrale, des côtes cassées et une infection à l’épaule l’ont envoyée à l’hôpital où elle est restée pendant deux mois. « C’est souvent le cumul d’un paquet de choses qui fait que ça explose. »

La descente avait commencé bien avant, avec un burn-out, le suicide de son frère et le placement de ses deux enfants en foyer de groupe. Pour oublier sa peine, elle s’évadait dans le jeu et l’alcool. L’épisode de violence conjugale aura enfoncé le clou. Elle qui possédait un diplôme d’études collégiales en sciences humaines, avait étudié en soins infirmiers et travaillé comme préposée à l’Hôpital de Montréal pour enfants s’est retrouvée sans logement, juste avant Noël.

Pendant près d’un an, elle a vécu dans différentes maisons d’hébergement. La dernière l’a recueillie durant six mois : « C’est là où je me suis prise en main, se souvient-elle. Je voulais à tout prix ravoir mes enfants. Ç’a été un moteur de changement. Je me disais : commence par prendre soin de ta santé, ramasse de l’argent, trouve-toi un logement. Je n’ai jamais lâché malgré des bouts épouvantables. »

ELAINE LOUW GRAHAM

Éliza avec son intervenante, Joy Sarpomah.

Rebâtir sa vie pierre par pierre

Éliza Tremblay a obtenu tout ce qu’elle voulait à force de ténacité. En février 2018, elle s’est inscrite au programme de gestion financière du refuge pour femmes en difficulté Chez Doris, qui l’aide toujours à gérer son chèque d’aide sociale et son budget. « La première fois que j’ai mis les pieds là, j’ai eu un choc en voyant des femmes sans-abri, avoue-t-elle. Je me suis dit : si je continue à boire et à jouer, c’est ce qui m’attend. Les intervenantes sont fines, elles m’encouragent. Elles n’en reviennent pas du chemin que j’ai parcouru. »

Grâce à leur soutien, elle a pu racheter des meubles sur Kijiji, emménager dans un logement à loyer modique à Pointe-Saint-Charles et récupérer sa fille, aujourd’hui âgée de 15 ans. À l’automne 2019, elle a déménagé dans un appartement subventionné dans Griffintown. Et cet été, elle a pu reprendre son fils, qui a 9 ans, après quatre ans de séparation.

Éliza Tremblay fréquente encore la maison Chez Doris, située au cœur du centre-ville de Montréal, pour socialiser et se ravitailler : « Je m’arrête jaser un peu, je dîne – la bouffe est vraiment bonne ! – et je passe au vestiaire me procurer du linge. Il y a aussi des activités et des soins infirmiers. Je conseille à toutes les femmes dans le besoin d’en profiter. » Tout récemment, elle est allée y chercher des vêtements pour des entretiens d’embauche.

ELAINE LOUW GRAHAM

L’année de tous les espoirs

Car tout ce qui lui manque en 2021, c’est un emploi à sa mesure. Avant la pandémie, elle avait été admise au programme offert par des entreprises d’insertion chapeauté par Emploi-Québec. « Je crois beaucoup au milieu communautaire, ça nous a sauvé la vie. Je veux travailler à l’accueil ou comme organisatrice », affirme-t-elle. En attendant de trouver du travail, elle s’implique dans sa communauté et siège au conseil d’administration du Carrefour d’éducation populaire de Pointe-Saint-Charles.

Il y a des moments où elle se sent fatiguée, mais elle nous assure qu’elle s’en sort bien : « Mes enfants aussi vont bien. Ils savent que peu importe ce qu’il arrive, je serai là. » Ce sera son premier temps des Fêtes avec eux depuis longtemps. « Je leur ai demandé ce qu’ils aimeraient manger à Noël. Ils veulent du crabe ! », s’esclaffe-t-elle. Elle marque une pause et puis conclut : « À 47 ans, j’ai beaucoup à donner et encore de belles années devant moi. »

Un très joyeux Noël, Éliza Tremblay, ainsi qu’à toutes les femmes qui reviennent de loin.

Faites un don à Chez Doris pour aider les femmes en difficulté

Marina Boulos-Winton, la directrice générale de Chez Doris, nous fait visiter la maison.