L’armée israélienne a annoncé dimanche le retrait de ses troupes du sud de la bande de Gaza, au 7e mois de la guerre dévastatrice contre le Hamas palestinien et le jour de la reprise attendue des négociations sur une trêve.

Israël est à « un pas de la victoire », a martelé le premier ministre Benyamin Nétanyahou, en prévenant qu’il n’y aurait pas de cessez-le-feu sans libération de tous les otages, à la réunion hebdomadaire du gouvernement à Jérusalem.

L’annonce surprise de l’armée intervient après six mois de conflit dans le territoire palestinien qui a coûté la vie à 33 175 personnes la plupart des civils, dont 38 ces dernières 24 heures, selon le ministère de la Santé du Hamas. Il a aussi provoqué une catastrophe humanitaire avec la majorité des 2,4 millions d’habitants menacés de famine selon l’ONU.  

Le 7 octobre, des commandos du mouvement islamiste palestinien Hamas infiltrés de Gaza mènent une attaque sans précédent dans le sud d’Israël entraînant la mort de 1170 personnes, en majorité des civils,  selon un bilan établi par l’AFP à partir des chiffres officiels. Plus de 250  personnes sont enlevées et 129 sont toujours détenues à Gaza dont 34 sont mortes d’après des responsables israéliens.

En représailles, Israël a juré de détruire le Hamas et a lancé des bombardements intenses sur le territoire palestinien avant une offensive terrestre qui a permis à ses soldats d’avancer du nord vers le sud de la petite bande de terre d’environ 40 km de long et 10 de large, assiégée par l’armée depuis le 9 octobre.

« Aujourd’hui, dimanche 7 avril, la 98e division de commandos de l’armée israélienne a terminé sa mission à Khan Younès. La division a quitté la bande de Gaza afin […] de se préparer à de futures opérations », a déclaré l’armée dans un communiqué transmis à l’AFP.

Selon des médias israéliens, l’ensemble des troupes ont quitté le sud de la bande de Gaza.

Le quotidien israélien Haaretz, citant un responsable militaire anonyme, a expliqué le retrait par le fait que l’armée y avait atteint ses objectifs en démantelant le Hamas à Khan Younès.

Retour de déplacés

Située à 3 km au sud de Rafah et transformée en champ de ruines par les bombardements israéliens, la ville de Khan Younès, la plus grande du sud du territoire, a été pendant des mois l’épicentre de la bataille entre les soldats et les combattants du Hamas.

A pied, en voiture ou sur des charrettes tirées par des ânes, des dizaines de Palestiniens réfugiés à Rafah ont pris le chemin du retour à Khan Younès, aussitôt après le retrait israélien précédé par des frappes sur les deux villes, selon des images de l’AFP.

L’annonce de l’armée a été faite le jour où une énième série de négociations indirectes entre le Hamas et Israël via les médiateurs internationaux-États-Unis, Qatar, Égypte, doit se tenir au Caire, après des appels pressants du président américain Joe Biden à les reprendre et à trouver un accord.

Sont présents ou attendus dimanche au Caire le chef de la CIA, Bill Burns, le chef des services secrets, David Barnea, le premier ministre qatari Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani et une délégation du Hamas, selon le média égyptien progouvernemental Al-Qahera News.

PHOTO JACK GUEZ, AGENCE FRANCE-PRESSE

Proches d’otages et manifestants se sont regroupés samedi à Tel-Aviv.

Objectif : conclure un accord de trêve associée à des libérations d’otages en échange de prisonniers palestiniens et à une augmentation importante de l’aide humanitaire à la population palestinienne.

Samedi, le Hamas a dit qu’il ne renoncerait pas à ses exigences pour un accord : « un cessez-le-feu complet », un retrait israélien de Gaza, un retour des déplacés, et un « sérieux » accord d’échange d’otages et de prisonniers palestiniens.

Il n’était pas possible dans l’immédiat d’avoir une réaction du mouvement islamiste au retrait israélien.

Une seule trêve a eu lieu depuis le début de la guerre, et elle a permis fin novembre la libération d’une centaine d’otages en échange de détenus palestiniens et l’entrée de davantage d’aides à Gaza où la population vit « l’enfer sur terre » selon l’ONU.

« Honte au monde entier »

« Honte au monde entier. Les enfants meurent de faim », lance Labad, une mère de quatre enfants réfugiée chez des proches après la destruction de sa maison par des raids israéliens à Jabaliya (centre).

« Mon fils de 8 ans me demande à manger mais je n’ai rien à lui donner […] Nous avons même mangé de la nourriture pour animaux et oiseaux. Je souhaite la mort pour moi et mes enfants pour être libérés de ce tourment », dit-elle à l’AFP.

A Rafah, menacée d’une offensive terrestre israélienne et où s’entassent près de 1,5 million de Palestiniens, en majorité des déplacés, des mendiants sont vus sur un marché, au côté d’enfants vendant des conserves et des légumes, dont l’un montrant un seul sac de légumes surgelés qu’il peine à vendre.

- « Quel que soit le prix »

Alors que les aides acheminées par voie terrestre via l’Égypte, sont strictement contrôlées par Israël et arrivent au compte-gouttes, des camions d’aides sont entrés dimanche à Rafah, alors que des aides médicales de l’ONU sont parvenues au complexe médical Kamal Adwan à Beit Lahia dans le nord.

Mais ces aides demeurent largement insuffisantes.

Considéré comme un groupe terroriste par Israël, les États-Unis et l’Union européenne, le Hamas a pris en 2007 le pouvoir à Gaza, deux ans après le retrait d’Israël du territoire pauvre et surpeuplé qu’il a occupé pendant 38 ans. Avant le siège total imposé le 9 octobre, Israël soumettait le territoire palestinien à un blocus depuis 2007.

Au lendemain de rassemblements en Israël réclamant la démission de M. Nétanyahou,  des proches d’otages ont organisé à Tel-Aviv un évènement pour marquer les six mois de leur captivité.

« S’il vous plaît, faites tout, payez le prix, quel qu’il soit, le prix le plus élevé, je m’en fiche. Je veux qu’Ofer et tous les autres » reviennent « à la maison », a martelé Yifat Kalderon, cousine d’Ofer Kalderon, un père de famille otage à Gaza.