(Paris) Le premier ministre Gabriel Attal visite une ferme dimanche, veille du début du « siège de la capitale » promis par certains agriculteurs qui estiment que les annonces du gouvernement en faveur du secteur sont encore insuffisantes.

Le chef du gouvernement est attendu dimanche matin dans une exploitation bovine en Indre-et-Loire. La visite sera suivie d’une prise de parole du premier ministre en fin de matinée.

Ce déplacement a lieu au moment où la situation menace de se tendre de nouveau après un début d’accalmie sur le terrain.

PHOTO MIGUEL MEDINA, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le premier ministre Gabriel Attal a rencontré des agriculteurs à Montastruc-de-Salies, dans le sud de la France, vendredi.

« Dès lundi 29 janvier à 14 h les agriculteurs des départements : l’Aisne, l’Aube, l’Eure, l’Eure & Loir, l’lle-de-France, la Marne, le Nord, l’Oise, le Pas-de-Calais, la Seine & Marne, la Seine-Maritime et la Somme, membres du réseau FNSEA et Jeunes Agriculteurs du Grand Bassin Parisien entament un siège de la capitale pour une durée indéterminée », promettent les deux syndicats, qui représentent la majorité de la profession au niveau national.

« Tous les axes lourds menant à la capitale seront occupés par les agriculteurs », ajoutent-ils dans un bref texte.

Mais les instances nationales des deux organisations n’ont pas encore tranché sur la suite du mouvement au niveau de l’ensemble du pays. « C’est le terrain qui décide », fait valoir le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, dans La Tribune dimanche.

« Le premier ministre n’a pris en compte qu’une partie des 122 revendications que nous lui avons adressées. Ses propositions ne sont pas complètes », regrette-t-il. « Nous voulons nous mettre autour de la table et discuter avec lui, revendication par revendication », répète le responsable.

Discussions

Sur le terrain, la situation a connu une nette tendance à l’accalmie samedi et la circulation a repris sur un certain nombre d’axes routiers, comme dans les Bouches-du-Rhône, où les agriculteurs devaient lever samedi soir leurs derniers barrages. Le préfet leur a promis une série de discussions locales sur des sujets comme la gestion de l’eau ou les besoins du secteur en main-d’œuvre étrangère.

Face aux annonces du gouvernement destinées à calmer la colère agricole, les réactions divergent entre ceux qui estiment avoir obtenu satisfaction et ceux qui pensent que le compte n’y est pas.

Parmi les premiers, Joël Tournier, l’un des porte-parole du mouvement à Carbonne (Haute-Garonne), avec l’éleveur Jérôme Bayle : « On a été entendu, on a eu quelques réponses » même si « tout ne sera pas parfait de suite », juge-t-il pour expliquer la décision de lever le barrage emblématique sur l’autoroute A64, où la circulation a repris samedi dans les deux sens.

Mais dans le Gard, le président du syndicat FDSEA 30, David Sève, entend maintenir un blocage à hauteur de Nîmes. « Tant que des mesures viticoles ne sont pas annoncées, et tant que même les autres mesures ne le sont pas, on ne peut pas lever le camp », dit-il.

« Mesures fortes »

Pour tenter d’éteindre la révolte montée de campagnes où beaucoup ne parviennent plus à vivre de leur métier, le premier ministre a dévoilé vendredi des mesures d’urgence en Occitanie, berceau de la contestation. « On ne vous lâchera pas », a-t-il lancé.

Il a ainsi accédé à quelques-unes des demandes les plus pressantes des manifestants entre l’abandon de la hausse de la taxe sur le gazole non routier (GNR), des indemnités gonflées pour les éleveurs touchés par la maladie des bovins MHE, des sanctions lourdes contre trois industriels de l’agroalimentaire ne respectant pas les lois Egalim sur les prix.

PHOTO FRED SCHEIBER, ASSOCIATED PRESS

Des agriculteurs bloquent une autoroute près d'Agen.

Les mesures « sont appelées à se décliner sur d’autres sujets », a promis samedi le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau.

À l’approche des élections européennes de juin, la crise est suivie de près par Matignon, alors que des mouvements de contestation des agriculteurs se sont fait entendre dans plusieurs pays de l’UE.

« Il faut donner un cap à l’agriculture française. Il faut lui dire ce qu’elle doit faire : son objectif est d’être concurrentielle avec les fermes-usines du Brésil ou d’Ukraine, ou son but est de nourrir comme il faut les Français ? », a demandé le député LFI de la Somme François Ruffin.

Le Réseau action climat (RAC), qui regroupe de nombreuses ONG, a de son côté demandé « des mesures fortes pour un meilleur partage de la valeur en faveur des agriculteurs et un accompagnement par les pouvoirs publics vers l’adaptation de notre agriculture aux effets du changement climatique ».