(Paris) Lors de ses vœux à la Nation dimanche, Emmanuel Macron espère tourner la page d’une année mouvementée et amorcer une relance de son quinquennat, en attendant le grand « rendez-vous » qu’il a promis en janvier aux Français et celui des JO avec le monde.

Avec en toile de fond une inconnue de taille : le remaniement gouvernemental, qui apparaît de plus en plus incontournable, interviendra-t-il dès le début de l’année – ou plus tard – et avec quel titulaire à Matignon ?

Sans surprise, la traditionnelle allocution présidentielle du 31 décembre sera placée sous le signe de « l’unité », résume un conseiller présidentiel après les multiples incendies de 2023, de la difficile réforme des retraites à celle sur l’immigration en passant par les émeutes urbaines de l’été ou les propos très polémiques du chef de l’État sur l’affaire Depardieu.

« Le président a décidé de terminer la loi immigration (en décembre) de façon à repartir sur 2024 avec une nouvelle ère et un nouvel élan », explique un cadre de la majorité.

Vendredi, à deux jours de ses vœux, il a de nouveau endossé, dans une tribune au Monde, l’un de ses costumes de prédilection, la lutte contre le réchauffement climatique, et réitéré sa volonté d’« accélérer en même temps sur le plan de la transition écologique et de la lutte contre la pauvreté ».

L’année qui s’ouvre s’annonce riche en rendez-vous politiques, diplomatiques et mémoriels dont le chef de l’État entend tirer profit pour donner un nouveau souffle à un second quinquennat souvent à la peine.

Défi des Européennes en juin, avec un Rassemblement national (RN) favori dans les sondages, 80e anniversaire du Débarquement en Normandie, Jeux olympiques de Paris du 26 juillet au 11 août : la France sera à bien des égards au centre de l’attention internationale.

Une page à écrire

Lors de ses vœux, « le président donnera aussi des pistes des grandes réformes à venir », relève le conseiller présidentiel.

Avec un texte phare sur la fin de vie, qui sera présenté en Conseil des ministres avant les Européennes, mais discuté après à l’Assemblée, selon le cadre de la majorité.

« Aujourd’hui, il n’y a pas d’agenda. C’est une page nouvelle à écrire et il appartient au président de la République de dire quels sont les chapitres nouveaux qu’on va conduire », relevait le patron du Modem, François Bayrou, jeudi sur France Inter.

Ce « nouveau cap » s’inscrira « dans la continuité de ce que le chef de l’État fait depuis bientôt sept ans pour redresser et réformer la France », insiste-t-on néanmoins à l’Élysée.

Emmanuel Macron devrait toutefois réserver ses annonces au prochain « rendez-vous avec la Nation » qu’il a annoncé pour début 2024, un exercice sur lequel il reste pour l’heure très mystérieux, sauf pour concéder qu’il abordera aussi les questions d’éducation.

À chaque coup dur, de la crise des « gilets jaunes » à la perte de la majorité absolue à l’Assemblée nationale en juin 2022, le chef de l’État a rivalisé d’idées pour reprendre la main, avec plus ou moins de succès : grands débats, Conventions citoyenne, Conseil national de la Refondation (CNR) ou plus récemment les rendez-vous de Saint-Denis avec les chefs de partis.

« Déflagration »

Chaque allusion sera scrutée de près dimanche alors que les appels au « renouvellement » se multiplient dans le camp présidentiel.

La première ministre Élisabeth Borne est « quelqu’un de courageux […], mais la question du président de la République, c’est celle de l’adéquation entre le projet et les personnes », fait observer François Bayrou en appelant de ses vœux une équipe resserrée autour d’une quinzaine de ministres.

Pour le député Karl Olive (Renaissance), le « chantage » à la démission de plusieurs ministres opposés au texte sur l’immigration a aussi provoqué une « déflagration » qui rend inéluctable un remaniement.

« Quand on marque contre son camp, c’est compliqué ensuite de réintégrer une équipe », a-t-il asséné sur CNEWS/Europe 1 à l’attention de Clément Beaune (Transports), Patrice Vergriete (Logement) ou Sylvie Retailleau (Enseignement supérieur).

Dans la course à Matignon, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, issu de la droite, semble avoir désormais le vent en poupe.

« Ses mesures n’ont pas de quoi apeurer la gauche », pointe le cadre de la majorité, lui-même de gauche, rappelant les « chèques » versés en faveur du pouvoir d’achat.