(Prague) La police cherchait vendredi à comprendre les motivations ayant poussé la veille un étudiant à tuer 14 personnes à l’université Charles de Prague, la pire attaque qu’ait connue la République tchèque dans son histoire contemporaine.

Choqués par cette tuerie, des habitants endeuillés de cette capitale plutôt paisible ont improvisé à l’extérieur de l’université un mémorial constitué d’une multitude de bougies en hommage aux morts pendant que la police poursuivait son enquête sur le campus situé dans le centre historique.

Âgé de 24 ans, l’étudiant a tué 13 personnes au moment de la tuerie et en a blessé 25 autres, avant de se suicider. Une quatorzième personne s’est éteinte des suites de ses blessures vendredi à l’hôpital.

« Treize personnes sont mortes sur les lieux (de l’attaque), nous devons ajouter le 14e mort, qui est le tireur. Une autre victime est décédée à l’hôpital », a déclaré aux journalistes le ministre de l’Intérieur Vit Rakusan.

Plus tôt dans la journée, il avait déclaré que les personnes tuées avaient pu être identifiées.  

PHOTO MICHAL CIZEK, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des gens pleurent devant un mémorial de fortune pour les victimes devant l’Université Charles, le 22 décembre.

Le gouvernement a décrété une journée de deuil national le 23 décembre.

« Arsenal énorme »

Le chef de la police, Martin Vondrasek, a expliqué plus tôt que l’assaillant, inconnu de la justice, disposait d’un « énorme arsenal d’armes et de munitions » et que l’action rapide des policiers avait évité un carnage plus grand encore.  

Toutes les personnes qui ont péri ont été abattues à l’intérieur du bâtiment et certaines d’entre elles étaient des camarades de faculté du meurtrier.  

Selon M. Vondrasek, la police avait commencé à rechercher l’étudiant avant même la tuerie, car le corps sans vie de son père avait été découvert dans le village d’Hostoun, à l’ouest de Prague.  

Le tireur « est parti pour Prague en disant qu’il voulait se suicider », a-t-il raconté, refusant de confirmer s’il avait effectivement tué son père.  

PHOTO MICHAL CIZEK, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des policiers armés sont aperçus sur le balcon de l’Université Charles, le 21 décembre.

La police a fouillé un bâtiment de la faculté des Arts où le meurtrier devait se présenter pour un cours mais celui-ce s’est finalement rendu à proximité, dans le bâtiment principal de la faculté.  

Celle-ci se dresse à proximité de sites touristiques majeurs que sont le pont Charles datant du XIVe siècle et la pittoresque place de la Vieille Ville.  

La police a été informée de la tuerie vers 9 h (heure de l’Est) et a immédiatement dépêché une unité d’intervention.  

Vingt minutes plus tard, l’assaillant a été retrouvé mort.  

Citant une enquête sur les médias sociaux, M. Vondrasek a déclaré que le tireur s’était inspiré d’un « cas similaire survenu en Russie », sans entrer dans les détails.  

Ce responsable a souligné que la police soupçonnait ce même étudiant d’avoir tué un jeune homme et sa fille de deux mois dans un landau au cours d’une promenade dans une forêt de la banlieue est de Prague, le 15 décembre.  

L’enquête sur ce meurtre était restée dans l’impasse jusqu’à ce que des preuves mises au jour à Hostoun permettent de le relier à ce crime.  

Un acte « insensé »

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Le premier ministre Petr Fiala est allé se recueillir à l’Université Charles, le 22 décembre.

Le soutien des responsables politiques locaux et internationaux a afflué après le drame.  

« Rien ne peut justifier cet acte horrible », a commenté le premier ministre tchèque Petr Fiala, tandis que le président des États-Unis Joe Biden a dénoncé une tuerie « insensée ».  

La cheffe de l’UE Ursula von der Leyen, le président français Emmanuel Macron et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky ont présenté leurs condoléances.  

Selon M. Rakusan, l’attaque n’a aucun lien avec le « terrorisme international » et l’étudiant agissait seul.  

En 2015, un homme de 63 ans avait abattu sept hommes et une femme avant de mettre fin à ses jours dans un restaurant d’Uhersky Brod, une ville du sud-est de la République tchèque. En 2019, un homme avait tué six personnes dans la salle d’attente d’un hôpital d’Ostrava, une cité de l’est de ce pays, et une femme était morte quelques jours plus tard. Le meurtrier s’était ensuite suicidé.