(Paris) Un total de 1518 « actes et propos antisémites » ont été recensés en France depuis le début de la guerre Israël-Hamas le 7 octobre, a indiqué mardi le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.

Ce chiffre est plus de trois fois supérieur au nombre d’actes ou propos antisémites enregistrés (436) sur toute l’année 2022. Ces actes ont donné lieu à « 571 interpellations », a précisé à l’AFP l’entourage du ministre.

Un total de 330 enquêtes ont été ouvertes pour actes antisémites et apologie du terrorisme depuis le 7 octobre, a appris lundi l’AFP auprès de la Chancellerie.

« Il y a des actes antimusulmans supplémentaires, mais ce n’est pas à la mesure de ce que nous connaissons pour l’antisémitisme », a encore dit Gérald Darmanin sur la radio Europe 1.  

Il y a des « mosquées qui reçoivent des lettres de menaces de mort, des menaces d’attentat, de très nombreux propos anti-islam, y compris sur les plateaux de télévision », a-t-il déclaré, affirmant saisir l’Arcom, l’organisme de régulation de l’audiovisuel, ou la justice.

Au total, et depuis début 2023, il y a eu « 1762 faits antisémites, 564 faits antichrétiens et 131 faits antimusulmans », a-t-il ensuite précisé sur X.

Le ministre a détaillé la nature des actes antisémites recensés, réagissant à des propos sur la radio RMC d’un imam de la Grande Mosquée de Paris, Abdelali Mamoun, qui avait demandé « où sont » les quelque 1500 « actes antisémites qu’il y a en France ? ».

« J’aimerais bien qu’on les dévoile pour que nous soyons solidaires » des juifs de France, avait ajouté M. Mamoun.  

M. Darmanin a dénoncé des « insinuations très choquantes ».  

Selon le ministère, 50 % des actes antisémites « sont des tags, affiches, banderoles (parmi lesquels des “morts aux juifs” ou des croix gammées) », 22 % des menaces et insultes, 10 % de faits d’apologie du terrorisme, 8 % d’atteintes aux biens, 6 % de comportements suspects, 2 % de coups et blessures et 2 % d’atteintes aux lieux communautaires. Le département le plus touché est Paris.

Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-eddine Hafiz s’est « inscrit en faux » contre les propos de l’imam, précisant qu’il s’exprimait « à titre personnel » et lui avait fait part, lors d’un échange, de « “son regret d’avoir été très confus”, alors qu’il n’entendait pas “remettre en cause les chiffres alarmants des actes antisémites en France” ».

« La Grande Mosquée de Paris ne nie pas, ne minimise pas et ne relativise pas l’ensemble des actes antisémites survenus en France ces dernières semaines, et a une confiance totale dans les chiffres diffusés par le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer », a affirmé le recteur dans un communiqué.  

L’institution « déplore vivement la recrudescence des actes antisémites et la condamne totalement », a-t-il ajouté.  

« Je remercie la Grande Mosquée de Paris pour les éclaircissements donnés et pour s’être inscrit en faux dans la minimisation des actes antisémites qui touchent la France », s’est félicité M. Darmanin sur le réseau X.

Le Consistoire central israélite de France a pour sa part condamné les propos de l’imam, déplorant dans un communiqué qu’il « se fasse le porte-voix de thèses complotistes ».

Cette principale institution religieuse juive du pays s’est félicitée de la réaction du recteur de la Grande mosquée, mais a regretté que malgré tout « le venin du doute s’est instillé ».

Des manifestations pour dénoncer l’antisémitisme ont réuni quelque 180 000 personnes en France dimanche, dont 105 000 à Paris. La France compte la plus grande communauté juive d’Europe et plusieurs millions de personnes de confession musulmane.