(Région de Kharkiv) Valeriï Onoul a perdu sa jambe droite après avoir marché sur une mine. Un handicap qui n’a pas empêché cet expert en explosifs de reprendre son travail de démineur.

« Quelqu’un doit le faire », dit cet homme de 52 ans, alors que l’Ukraine est confrontée à une tâche immense : déminer les zones qui ont été sous occupation russe.

Dans leur retraite du nord-est ukrainien en septembre 2022, les forces de Moscou ont laissé un grand nombre de mines, dont beaucoup sont piégées de telle manière à tuer les démineurs.

Vêtu d’un gilet pare-balles, d’un casque et de gants, Valeriï Onoul utilise une perche à l’extrémité pointue pour sonder le sol, puis retire délicatement la terre recouvrant le sommet d’une mine antichar.

Ce policier spécialisé dans les explosifs travaille au déminage de terres agricoles de la région de Kharkiv.

Il relève le bas de son pantalon de camouflage pour montrer sa prothèse.

Il a été blessé dans la région méridionale de Kherson en novembre 2022, alors qu’il se préparait à désamorcer des mines antichars TM-62.

« Pendant cette préparation, j’ai marché sur une mine PMN-2 », un engin antipersonnel, explique le sapeur.

Il n’avait pas remarqué sa présence, car elle gisait dissimulée sur un terrain jonché de graviers et d’éclats d’obus.

« Il y a beaucoup de pièges ici sous les mines. Certains des nôtres sont morts en désamorçant des mines, surtout au début », de la guerre, explique Valeriï Onoul.

« J’aime ça »

« Maintenant, bien sûr, nos techniques sont un peu différentes », ajoute-t-il. « Nous savons que, par exemple, sur une rangée de mines, au moins quelques-unes seront des pièges ».

Les sapeurs utilisent d’abord des détecteurs de métaux pour localiser les engins.

Valeriï Onoul a repris son activité malgré l’explosion qui lui a enlevé le bas de sa jambe droite jusqu’au genou.

« J’ai fait ce travail toute ma vie. J’aime ça », dit-il en souriant.

À ses côtés, Andriï Ilkiv, policier dans la ville de Lviv (nord-ouest), expert en explosifs, est lui aussi amputé du bas de sa jambe gauche.

Il a été blessé en septembre 2022 lors d’un déminage dans le village de Dementiïvka, dans la région de Kharkiv.

En dépit de quelques problèmes de mobilité, rien ne distingue vraiment les deux hommes du reste de l’équipe de démineurs, jusqu’à ce qu’ils dévoilent leurs prothèses.

Le groupe travaille dans un champ de choux au bord duquel ont été regroupées les mines antichars découvertes.

Accroupis au sol, deux sapeurs s’apprêtent à faire exploser l’un des engins avec un dispositif de mise à feu à distance.

L’un d’eux lève le bras et crie « Explosion ! », avant d’appuyer sur un détonateur. Une forte détonation retentit et un panache de fumée noire s’élève au-dessus de l’engin détruit.

« Sasha, bravo ! Ça a marché », lance un sapeur en tapotant le dos de son camarade.